Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
bonnesbobines
bonnesbobines
Publicité
bonnesbobines
Archives
Visiteurs
Depuis la création 266 760
27 avril 2020

NOUS SOMMES EN GUERRE, jour 42

NOUS SOMMES EN GUERRE, jour 42 ( 27/04/2020 )

 

Sans papier

CONFUSION. C'est encore la plus grande incertitude qui règne dans l'organisation du déconfinement. Est-ce que les écoles pourront ouvrir le 11 mai alors que le conseil sanitaire a dit que, comme en Italie, il vaudrait mieux repousser la rentrée en septembre. Est-ce que les transports pourront reprendre à la date prévue alors que dans les avions, les trains, les métros il est très difficile voir impossible d'organiser la distanciation. Est-ce que les petits commerces pourront reprendre leur activité alors qu'ils n'ont pas les moyens de protéger leur personnel et les clients. 

 

A partir de ce matin, lundi, les pharmaciens ont l'autorisation de  vendre des masques alors que l'on nous disait samedi qu'ils n'en avaient pas pour les particuliers. C'est toujours la confusion qui domine dans un gouvernement qui hésite et qui ne veut pas faire confiance à l'intelligence et au bon sens de sa population.

 

La seule méthode que les autorités adopte pour faire respecter les règles d'hygiène est la méthode forte: pression policière, interpellations violentes et sanctions souvent injustifiées. Les personnes les plus fragiles sont toujours les principales victimes des conflits et elles sont les premières réprimées quand elles se révoltent.

 

Les sans-papiers qui manifestent depuis des dizaines d'années en France et qui n'ont jamais obtenu satisfaction ont tenté une action symbolique pendant l'état d'urgence. L'Italie et le Portugal ont très vite compris que leur économie ne pouvait pas vivre sans l'apport des étrangers et ont régularisé tous les sans-papiers. La France ne l'a pas fait.

 

Contre la bombe sanitaire, un appel des Sans-Papiers

Ce samedi des Sans-Papiers avaient décidé de sortir. Pour dire leur désespoir et leur colère. Pour simplement faire savoir et lire leurs revendications. Mais la police est venue. Communiqué et vidéo ci-dessous.

 

 

Ce samedi des Sans-Papiers avaient décidé de sortir. Pour dire leur désespoir et leur colère. Pour simplement faire savoir et lire leurs revendications.

Une quarantaine d’entre eux de la Coordination Internationale des Sans-Papiers et MigrantEs (CISPM), de la Coordination de Paris (CSP75), du collectif de Paris 20 (CSP Paris 20), du collectif des Baras (Montreuil) et de plusieurs foyers de Paris ont convergé vers le bâtiment du Ministère de l’intérieur situé près du Cour de Vincennes.

Ils avaient prévu de se rassembler à 17H avec masques et distances physiques pendant une dizaine de minutes seulement pour lire un appel intitulé « Foyers, Centres de rétention, Sans-papiers, des mesures immédiates contre la bombe sanitaire ».

Mais 5 mns avant, alors qu’un groupe était déjà arrivé à proximité, de nombreux cars de police sont arrivés, sirènes hurlantes pour « sécuriser » l’endroit. Les Sans-papiers arrivés sur place ont pu s’en aller. Les autres groupes, sur le point d’arriver ont pu être prévenus et trois soutiens ont eu des amendes contre lesquelles nous ferons des recours.

Un des groupes de Sans-papiers s’est retrouvé un peu plus loin et a décidé, coûte que coûte, d’enregistrer la vidéo ci-dessous.

A un des soutiens qui leur demandait s’il n’était pas juste d’agir pour soutenir des personnes en danger de mort les policiers ont répondu « ce n’est pas votre métier ». Et à la question « et si personne ne fait rien, on laisse mourir ? » : « c’est le confinement ».

L’action, symbolique, avait été organisée avec des mesures de confidentialité minimales. Elle avait été annoncée la veille sans détails de date ni de lieu sur la liste de la Marche des Solidarités. Par erreur le jour avait même été diffusé sur une liste locale. Les rendez-vous avaient été donnés au travers de plusieurs échanges téléphoniques.

C’est un test. Une preuve supplémentaire qu’en ces temps de confinement, la police et le pouvoir sont bien plus soucieux de la répression de toute contestation que de la vie des Sans-Papiers et de notre santé.

Nous en tiendrons compte tout en veillant que les précautions nécessaires d’organisation ne soient pas un obstacle aux discussions et décisions collectives.

L’appel lu par les Sans-Papiers et une représentante syndicale dans cette vidéo va être diffusé publiquement dans les jours qui viennent avec une liste de signataires de collectifs sur tout le territoire, de la vallée de la Roya à celles de l’Ariège, de villages du Gard aux anciens bassins miniers du Nord, des Côtes de l’Armor à la frontière du Rhin et de nombreux quartiers des métropoles ainsi que de nombreuses associations, syndicats et organisations politiques.

Il se conclut par un appel à participer à toutes les initiatives qui seront prises à l’occasion du 1er mai et à une journée de manifestations le samedi 30 mai « selon des modalités tenant compte de la situation et des mesures de distanciation physique ».

L'appel sera notamment consultable ici même. N'hésitez pas à le relayer mais surtout à rejoindre les collectifs et initiatives existants, à en construire, à organiser, là où vous êtes une mobilisation pour le 30 mai, à en imaginer les formes, à nous le faire savoir.

 

 

Vendredi, 24 Avril, 2020

Un appel des Gilets noirs : Autodéfense immigrée : seule la lutte donnera les papiers

Nous, les Gilets Noirs, sommes des immigrés qui travaillons au noir ou avec le papier de quelqu'un d'autre. D'ordinaire, l’État français raciste, main dans la main avec les patrons, nous fait trimer sur les chantiers, dans les cantines, à nettoyer tout le pays. Sans papiers, on est à la merci de la sur- exploitation. Au confinement, on s’est retrouvés sans rien. Pas de chômage, alors pas d'argent pour le loyer, pour la famille ou pour la nourriture.

Nous sommes des immigrés qui continuons à être menacés par la police qui nous harcèle et nous rackette devant nos lieux de vie. On en a pas fini avec les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) que la police continue de distribuer pendant le confinement, les centres de rétention sont toujours ouverts et nos camarades enfermés continuent d'y souffrir.

Nous sommes des immigrés qui vivons dans des foyers de travailleurs immigrés gérés par les gestionnaires Adoma, Coallia ou Adef comme des prisons. Au début du confinement, les gestionnaires ont fermé leurs bureaux et fui leurs responsabilités : pas de consignes, pas de nettoyage, pas de soutien. Ils collent sur les murs du foyer des affiches en français et ferment les salles de prières et de réunion. Ils ne nettoient pas car « la javel c’est trop cher ». La seule présence des gérants c'est pour venir prendre les loyers. Après quelques semaines, sous la pression des préfectures et de ceux qui ne devraient pas crier avec les loups que les foyers sont des « bombes sanitaires », les gestionnaires sont revenus dans quelques foyers. Ils menacent de couper l'eau et l'électricité, font des simulacres de dépistages, font des listes de « sur-occupants » comme ils nous appellent. Depuis plusieurs années, les gestionnaires veulent détruire l'organisation de nos vies collectives d'immigrés exploités. S'ils reviennent aujourd'hui, ce n'est pas pour nous protéger de la maladie, c'est pour nous menacer d'expulsion et pour faire la chasse aux sans papiers.

Mais on n’a pas attendu la répression sanitaire pour s'organiser et se défendre contre l'Etat, contre les gestionnaires, contre les patrons. Nous, les gilets noirs, nous nous soutenons depuis longtemps. Les foyers sont nos lieux d'organisation politique. Nous avons mis en place une cagnotte et organisé un réseau de ravitaillement des foyers pour se protéger de la maladie. Avec l'aide de nos camarades des Brigades de Solidarité Populaire qui soutiennent cette auto-organisation, nous sillonnons les foyers pour distribuer du matériel. Les gestionnaires se fichent de nous : alors c’est nous-mêmes qui nous protégeons ! Dans les foyers, on a une culture de la solidarité. On gère nous-même la propreté et la désinfection. Les petits frères, on s'organise pour que les grands frères âgés ne fassent plus les courses. On doit faire cette mission pour nos camarades, nos frères, nos sœurs, nos enfants et nos vieux, car personne ne va le faire sinon.

A l'intérieur, nous organisons dans plusieurs foyers une lutte au corps-à-corps contre les gestionnaires : refus de payer les loyers dans ces conditions d'exploitation, courriers collectifs, opérations « portes ouvertes » en chassant le gérant. Nous ne paierons pas, pour préparer la riposte contre la destruction de la vie collective dans les foyers et continuer notre lutte pour des papiers et une vie digne.

Lutter pour arracher les papiers et pour notre dignité

Nous voulons des papiers. Mais nous ne voulons pas d'une régularisation comme au Portugal, pour quelques mois, seulement pour certains qui ont leur dossier en préfecture ou pour ceux qui n’ont pas de casier judiciaire ou ne sont pas menacés de déportation. On ne veut pas d'une régularisation comme en Italie, en offrant nos corps pour que les pays européens subsistent sur notre dos. Travail

contre papiers, c'est un chantage d'esclavagiste. Nous ne voulons pas des papiers pour raison « de santé publique » ou pour plus « d'efficacité économique ».

Les papiers, jusqu'à nouvel ordre, c’est la clef de toute vie sociale digne : vivre en famille, circuler librement, travailler, étudier, se soigner, se loger. Nous avons trop demandé aux députés, aux gestionnaires, aux patrons, aux syndicats, aux associations de nous aider à nous « régulariser ». Il y a eu trop de pétitions, de tribunes qui disent à l'État de « protéger les sans-papiers », trop de députés qui veulent « régulariser » pour mieux nous envoyer faire le sale travail que personne ne veut faire. Nous ne voulons pas de papiers parce que nous faisons le boulot que "les français ne veulent pas faire", mais pour pouvoir vivre dignement.

Nous irons chercher les papiers nous-mêmes, car on ne veut pas de tri : nous ne voulons pas avoir besoin de mériter les papiers ou de les mendier. Nous avons besoin de combat. Dans la lutte déjà, on trouve notre liberté, car on n’a plus peur.

Depuis novembre 2018, nous les Gilets Noirs, immigrés avec ou sans papiers, fils et filles d'immigrés et personnes solidaires, habitants des foyers et locataires de la rue, nous organisons contre l'Etat et ses complices. Nous exigeons des papiers pour tous et toutes, sans conditions. Qu'on soit là depuis un jour ou dix ans, qu'on travaille ou qu'on ne travaille pas. Nous ne voulons pas seulement des papiers, mais casser le système qui crée des sans-papiers. Nous avons manifesté devant le musée de l’immigration, devant le centre de rétention du Mesnil-Amelot, nous avons occupé la Comédie Française, bloqué la préfecture de Paris, occupé l'aéroport de Roissy où Air France déporte les immigrés. Nous avons attaqué le siège de l'entreprise Elior qui fait son argent sur le dos des sans-papiers, et nous nous sommes invités à 600 au Panthéon. Pour exiger des papiers et un rendez-vous avec le premier Ministre, pour interpeller les « grands hommes », et pour honorer nos morts en Méditerranée et dans le désert qui n’ont pas de tombe.

Après le confinement, nous appelons tous les immigrés sans-papiers et les gens qui partagent nos idées et nos manières d’agir, à soutenir notre lutte, à nous contacter, à rentrer dans le combat. Il faut organiser des actions, des occupations, des manifestations, des grèves, des blocages. Nous ne gagnerons les papiers, la fin des foyers-prisons, des logements dignes pour tous et la destruction des centres de rétention que par la force. Contre le racisme et l’exploitation. Pour notre dignité et notre liberté.

Ni rue ni prison, papier et liberté !
La peur a changé de camp, les Gilets noirs sont là !

Avec ACTA, les Brigades de Solidarité populaire, le Collectif Place des Fêtes, Genepi, Act-Up Paris, NPSP (Nagkakaisang Pilipino So Pransya) ; CREA (Campagne de Réquisition d'Entraide et d'Autogestion), l'Action Antifasciste Paris-Banlieue, la CNT-SO, l'Observatoire de l'état d'urgence sanitaire, la Coordination Militante Dijon, Ipeh Antifaxista qui appuient ce texte, nous partageons déjà ce combat.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité