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2 avril 2020

NOUS SOMMES EN GUERRE, jour 17

NOUS SOMMES EN GUERRE, jour 17 ( 02.04.2020)

Annie Ernaux

 

LIBERTÉ. On commence à entendre dans les grands médias des intellectuels qui s'inquiètent de notre perte de liberté. L'état nous a assignés à résidence dans nos appartements ou maisons pour pallier à leurs erreurs. Il nous rend coupables dès que nous n'obéissons pas à des règles imposées par un comité sanitaire dont nous ne connaissons pas les compétences. Il favorise les sanctions et la délation. Il nous prive des libertés élémentaires alors que nous ne sommes pas responsables de la situation de catastrophe provoquée par une politique libérale et capitaliste menée depuis un siècle.

 

Certains commencent à évoquer les penseurs qui avaient prédit, sans être écoutés, des événements que nous vivons aujourd'hui. René Dumont dans son livre " l'Utopie ou la Mort" avait dénoncé la politique de consommation et de compétition qui nous conduisait dans le mur. Nous y sommes ! Et, enfin, après quelques jours de confinement, des voix s'élèvent pour rétablir la vérité sur une situation qui était évitable. L'écrivaine Annie Ernaux, le philosophe Michaël Foessel, l'avocat François Sureau se sont exprimés avec clarté et conviction sur le sujet des libertés. Quand la plupart des journalistes se contentent aujourd'hui de reprendre les communiqués du gouvernement, François Sureau, leur a rappelé le rôle de l'information: vérifier les annonces officielles et diffuser leurs analyses au public. 

 

C'est souvent sur les réseaux sociaux que l'on trouve aujourd'hui des informations cachées par les médias contrôlés par des groupes financiers ou par l'état. Par exemple sur le transport des malades du coronavirus les grands médias parlent des trains mis à disposition des hôpitaux avec succès et ne citent pas l'autocar qui transportait des malades d'un hôpital de Reims vers un hôpital de Tours et qui a dû faire demi-tour car tous les papiers n'étaient pas en règle. Etre obligé d'avoir un laisser-passer quotidien pour circuler et être suivi à la trace par l'intermédiaire de son téléphone nous plonge dans un monde de surveillance et de contrôle digne des régimes les plus sombres.

 Lettre d' Annie Ernaux au " chef de guerre "

 Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et  ce qu’on pouvait lire sur la  banderole  d’une manif  en novembre dernier -l’état compte ses sous, on comptera les morts – résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’État, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux, tout ce jargon technocratique dépourvu de  chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays :  les hôpitaux, l’Éducation nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de  livrer des pizzas, de garantir  cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la vie matérielle.  

Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas  là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps   pour désirer un Nouveau Monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent  déjà  sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde  dont l’épidémie révèle les inégalités criantes, nombreuses à vouloir au contraire un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie,  nous n’avons qu’elle, et  « rien ne vaut la vie » –  chanson, encore, d’Alain  Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui  permet à ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale.

C Politique: https://www.youtube.com/watch?v=YgFu2_Ip6rc

Michaël Foessel:

François Sureau

 

 

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