ISABELLE ATTARD

Vive l'anarchie !

Docteure en archéozoologie, directrice du musée de la Tapisserie de Bayeux puis députée écologiste de la 5^e circonscription du Calvados entre 2012 et 2017, Isabelle Attard a été confrontée, à l'Assemblée nationale. à la domination des « mâles blancs de plus de 50 ans » : une expérience qui lui a fait découvrir l'anarchie.

Elle écrit : « J'avais, dès le berceau, pratiqué le militantisme écologique par procuration, car mon père le faisait très bien pour douze. Je participais donc, en le suivant, aux manifestations contre l'installation des centrales nucléaires dans la vallée de la Loire et je l'accompagnais de temps en temps sur le campus d'Orléans pour vendre tous les mercredis des autocollants " Nucléaire, non merci ! " et des exemplaires de La Gueule Ouverte. J'essayais de suivre l'actualité politique en lisant Le Canard enchaîné pour être à la hauteur des discussions familiales. »

En Laponie, où elle a travaillé pendant plusieurs années, elle « a ressenti à nouveau la fragilité du milieu naturel. » Quand elle décide d'entrer en politique elle découvre que « la démocratie, la vraie, ne pouvait pas se résumer à des votes tous les 5 ou 6 ans. » Des livres et des documentaires lui révèlent que l'anarchie est l'idéal pour construire une " humanité libre ".

Isabelle Attard analyse les ouvrages qu'elle étudie et cite les personnalités qui ont joué un grand rôle dans son évolution. Elle note : « Pour vivre dans une société sans dieu ni maître, l'éducation est primordiale. Mais il ne s'agit pas de modeler le cerveau des futurs militants anarchistes comme dans des écoles d'endoctrinement politique ou militaire. Bien au contraire, l'objectif est de développer le questionnement, l'autonomie, l'esprit critique des futurs citoyens... Aujourd'hui, je pense malheureusement que l'institution scolaire en général a reçu l'ordre, non pas de former de futurs hommes et futures femmes libres, mais de créer des êtres dociles et uniformes qui, surtout, ne remettront en question ni l'existence de l'État-nation et de ses institutions, ni le modèle économique actuel. Et ce ne sont pas les réformes du ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, le service national universel (SNU) et les dernières lois stigmatisant les chômeurs qui me feront changer d'avis. »

En conclusion, Isabelle Attard écrit : « Nous avons à inventer l'anarchisme du XXI^e siècle. Il devra être écologiste et féministe... » Et pacifiste !

Isabelle Attard, Comment je suis devenue anarchiste, Le Seuil, Reporterre, octobre 2019,12 €