Benjamin Netanyahou est à Paris, dimanche 16 juillet, pour commémorer le 75e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver (Vél d'Hiv), en 1942. Il s'agit de la plus grande arrestation massive de juifs réalisée par la police française pendant la Seconde guerre mondiale. Au total, plus de 13.000 personnes avaient été arrêtées à Paris et en banlieue pour être déportées.
À l'issue de la cérémonie prévue dans la matinée, le Premier ministre israélien, qui n'est pas venu en France depuis la grande marche contre le terrorisme après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher en janvier 2015, aura un entretien bilatéral avec Emmanuel Macron.
C’est la première fois que les deux dirigeants se rencontrent. Benjamin Netanyahou ne manquera sans doute pas de tester son interlocuteur sur les intentions de la France concernant le rôle qu'elle entend jouer sur le dossier israélo-palestinien, ou sur son attitude vis-à-vis de l'Iran.
Emmanuel Macron, qui a reçu récemment à l'Élysée le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a bien réitéré le soutien de la France à la solution à deux États et sa condamnation de la colonisation israélienne, deux axes traditionnels de la diplomatie française sur ce sujet. Cependant, il n'a pas dit s'il entendait relancer l'initiative française de son prédécesseur François Hollande, qui avait organisé en janvier 2017 une conférence internationale sur le Proche-Orient, où la violation du droit international par israël avait été évoquée, provoquant l'ire de ses dirigeants.
"Sur le conflit israélo-palestinien, la ligne est encore assez floue", estime Jean-Paul Chagnollaud, spécialiste de la question palestinienne, ajoutant que "Netanyahu est un redoutable animal politique et veut s'assurer que la France n'interviendra pas davantage"
Jeudi, l'historien israélien Zeev Sternhell a publié dans le quotidien Le Monde une tribune intitulée: "M. Macron, soyez ferme face à M. Netanyahou", dans laquelle il exhortait Paris à "prendre ses responsabilités". Selon ce spécialiste, cette visite vise "à demander à la France de renoncer à l’indépendance de la Palestine". Paris ne doit pas céder estime Zeev Sternhell.
Benjamin Netanyahou quitte Jérusalem dans un contexte tendu, après une attaque anti-israélienne, vendredi, dans la Vieille Ville qui a entraîné la fermeture de l'Esplanade des Mosquées. Le dirigeant israélien, déjà sous le coup de deux enquêtes, laisse également derrière lui des ennuis qui s'amoncellent, notamment une affaire de corruption présumée liée à l'achat de sous-marins allemands qui impliquerait ses proches.
A Paris, la venue en France du premier ministre israélien pour commémorer le 75e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv, une des taches les plus sombres de l'histoire contemporaine française, fait grincer quelques dents, certains dénonçant "un mélange des genres" ou "une instrumentalisation" des juifs français.
L'association UJFP (Union juive française pour la paix) se dit ainsi "choquée" qu'un dirigeant israélien soit convié à la commémoration d'un "crime contre l'humanité franco-français".
Le Parti communiste a également protesté, estimant que M. Netanyahu n'était pas porteur d'un "message de paix".