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20 mars 2013

La guerre pour l'uranium 11

Voici un point de vue important:

Soirée du 8 mars 2013 à la Maison municipale de la Paix à Gand

 Pour l'égalité de genre, la justice, la paix et la solidarité

Non à la guerre, non à l'OTAN, stop à la militarisation

 

On m'avait demandé d'intervenir sur le Mali, voici en substance, mes propos :

 

Je ne suis pas une spécialiste des questions des femmes, mais au sein du Collectif national OTAN-AFGHANISTAN en France, nous avons plusieurs organisations de femmes et je suis heureuse de parler en leur nom. Elles sont actuellement en train de défiler, à Paris, avec la manifestation des femmes.

 

Le président Hollande a reçu il y a quelques semaines, le prix Houphouet Boigny pour la recherche de la paix, décerné par l'UNESCO… probablement pour le récompenser de l'engagement militaire de la France au Mali ! Je commence par cela, pour vous montrer les contradictions et difficultés auxquelles nous faisons face, et qui renforcent la nécessité de contrer la perception de la « bonne guerre » ou la « guerre juste », mais aussi de l'idée que Hollande, en partant en guerre, serait devenu « un homme, un vrai ».

 

La situation en France, au regard du la guerre au Mali, est compliquée car il y a une très importante communauté malienne. Après des mois et des mois d'atrocités commises dans leur pays, les Maliens de France ont en grande majorité soutenu l'intervention militaire française. Il fallait donc que nous trouvions des réponses argumentées à leurs questions, leurs doutes, leurs demandes souvent pressantes.

 

La France officielle a développé un argumentaire sophistiqué, plus qu'il y a 12 ans avec « la défense des droits des femmes » pour justifier l'intervention en Afghanistan. L'Afghanistan était loin... et il a fallu attendre près de 10 ans pour que la France commence à reconnaître que nous y étions « en guerre ». Avec la Libye, c'est devenu plus clair. Avec le Mali, nous sommes officiellement en guerre – avec l'information (la propagande!) qui va avec dans tous les médias nationaux. Et là, on nous expose plus subtilement les violations des droits de l'Homme et les exactions commises par un islamisme radical (réelles !), contre les femmes ET les hommes. On sait que l'argument « droits des femmes » risque de faire grincer… 

 

Nous avons dû exprimer notre compréhension face au soulagement des Maliennes et des Maliens, après l'intervention de la France. Mais nous avons continué, et nous continuons, à nous opposer avec la plus grande fermeté à l'intervention armée. Parce qu'elle ne résout rien, qu'elle crée encore plus de violence, en particulier contre les femmes (viols, prostitution accrue, situation de grande vulnérabilité, bouleversements du quotidien, détresse et traumatismes…). La solution militaire n'en est jamais une. Elle porte l'échec en elle.

 

Nous avons expliqué qu'il n'y avait, dans la crise malienne, aucune surprise, aucune urgence. Cela fait des décennies que cette région est négligée, pillée, que les causes profondes du conflit aujourd'hui ne sont pas traitées, voire qu'elles sont exacerbées. Les djihadistes d'Algérie dans les années 90 sont aujourd'hui les islamistes ou salafistes dans le Nord Mali. On les connaît depuis longtemps. L'intervention en Libye a provoqué une déstabilisation et une circulation d'anciens mercenaires et d'armes en grande quantité dans la région dernièrement. Il existe même depuis 2011 une Stratégie européenne pour le Sahel (donc au-delà du Mali, on est même capables d'appréheder les problématiques régionales !), qui pour la première fois établit un lien direct entre développement et sécurité. Elle n'a jamais été utilisée. Donc de quelle urgence parle-t-on ? Si ce n'est d'une « urgence » préparée et créée de toutes pièces. Ensuite, bien sûr, il ne resterait plus que la solution militaire (qui n'est donc même plus une « option », mais « la solution »).

 

Les ministres français, lorsqu'ils sont questionnés, donnent des réponses étonnantes.

JM Ayraut, le premier ministre, a dit devant l'Assemblée nationale en février qu' « il n'y a pas de développement sans sécurité ni de sécurité sans développement ». Pourquoi donc mettre à ce point la sécurité en péril et compromettre toute possibilité de développement en choisissant la guerre et la destruction ?

Najat Belkacem, ministre des Femmes (une bonne chose, car cela faisait des années que la France ne s'était pas dotée d'un ministère dédié), a dit cette semaine à l'ONU que les violences contre les femmes ont une acuité particulière en situation de conflit. Mais je ne l'ai pas entendue s'opposer à l'intervention française au Mali, au risque de gravement mettre en danger les femmes maliennes.

Pascal Canfin, ministre du développement, a dit devant l'Assemblée nationale récemment que la « France est engagée dans une intervention militaire, mais que parallèlement elle est engagée à gagner la paix ». Cela ne peut pas aller de paire. C'est une contradiction en soi !

 

L'opinion en France, dans la communauté malienne, est en train de bouger. En effet, les véritables enjeux, les véritables objectifs de la France, sont en train d'émerger (le risque d'escalade de la violence, et l'enlisement, avec in fine un échec annoncé contre les islamistes, car même si les hommes sont tués, les idées sont propagées et on ne les éradiquera pas avec des bombes).

 

Les résistances, notamment des femmes, existent. Elles existent même depuis le début. Il y a eu, au niveau international, un appel d'Aminita Traoré aux femmes, il y a maintenant plusieurs mois, pour s'opposer à la guerre au Mali. Mais il y a aussi tous les actes de résistance sur le terrain, au quotidien, des femmes qui refusent de se laisser enfermer, violenter. Elles occupent l'espace public, elles ne portent par le voile intégral, elles conduisent... Elles parlent ! Elles rejettent catégoriquement l'obscurantisme. Elles demandent la paix et la dignité.

 

L'égalité entre femmes et hommes est clé pour le développement, la sécurité des peuples et la paix durable.

 

Je termine en vous disant qu'en ce moment, il y a des femmes qui marchent partout dans le monde, en soutien aux femmes d’Égypte, du Mali, d'Inde, du Guatemala… Une vague de solidarité. Je suis heureuse, avec ces quelques mots, de pouvoir y prendre part.

 Claire Chastain

 

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