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18 mars 2013

Romain Rolland, pacifiste

9782228908757

Romain Rolland, « Au-dessus de la mêlée», Petite bibliothèque Payot, 2013, 8,15 euros.

 

L’Association Romain Rolland, présidée par Martine Liegeois, a réussi à faire rééditer « Au-dessus de la mêlée», ouvrage essentiel pour les pacifistes, avant les grandes célébrations patriotiques qui manqueront l’anniversaire de la guerre 14-18.

 

Ce livre rassemble la quinzaine d’articles publiés dans le «Journal de Genève» du 2 septembre 1914 au 2 août 1915. Romain Rolland écrit dans une lettre du 4 août 1914: « Cette guerre européenne est la plus grande catastrophe de l’histoire, depuis des siècles, et la ruine de nos espoirs les plus saints en la fraternité humaine». Il ajoute dans une autre lettre d’août 1914, faisant référence à l’Union sacrée et au comportement des intellectuels: « Je me trouve seul, exclu de cette communion sanglante».

Il précise, le 15 septembre 1914, dans son article « Au dessus de la mêlée»: «Ces guerres, je le sais, les chefs d’Etat qui en sont les auteurs criminels n’osent en accepter la responsabilité: chacun s’efforce sournoisement d’en rejeter la charge sur l’adversaire. Et les peuples qui suivent, dociles, se résignent en disant qu’une puissance plus grande que les hommes a tout conduit». 

 

Dans sa préface, Christophe Prochasson, historien et directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, écrit: « On imagine difficilement ce qu’il a fallu à Romain Rolland de vitalité et d’énergie militante pour affronter les flots de haine qui s’abattirent sur lui... De nombreux extraits de l’article « Au dessus de la mêlée», choisis et tronqués de telle sorte qu’ils fissent à Romain Rolland la réputation d’un lâche et d’un traître, parurent dans plusieurs journaux français». Rares furent les journalistes qui prirent le risque de soutenir Romain Rolland qui écrivait dans son journal: « Pour dire le vrai, je n’ai plus d’autre patrie que le monde».

 

Malgré la haine qui s’exprime envers Romain Rolland, son livre, qui paraît en octobre 1915 chez l’éditeur Ollendorff à Paris, est un succès. « Dès mi-novembre, dix mille exemplaires sont déjà vendus. Les rééditions vont alors se succéder chez Ollendorff» précise Bernard Duchatelet, historien, président d’honneur de l’Association Romain Rolland.

 

Depuis, Romain Rolland est devenu une figure  emblématique du pacifisme et, presque un siècle après la publication de son manifeste contre la guerre, ses idées humanistes représentent toujours un danger pour les militaristes français. L’Union Pacifiste, qui fêtait son cinquantenaire en 2011, a pu en mesurer les effets. Une conférence sur le pacifisme de Romain Rolland,  programmée à la Bibliothèque Nationale de France, avec la participation d’historiens de renom et l’Association Romain Rolland, a été déprogrammée puis annulée sous des prétextes obscurs. Nous apprenions, par la suite, que nous avions eu la mauvaise idée de fixer une date au mois de novembre, mois réservé à la propagande militaire. Cette «censure», de la part d’une institution qui possède les archives de Romain Rolland, nous encourage à diffuser largement les prises de position courageuses de cet écrivain. Nous espérons que l’Association des Amis de Jean Giono, qui ont demandé la réédition des «Ecrits pacifistes», réussiront aussi à convaincre l’éditeur Gallimard de distribuer à nouveau cet ouvrage d’un écrivain devenu pacifiste après avoir subi dans sa chair la guerre de 14/18. 

 

 

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