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6 novembre 2005

LA RÉVOLTE DES JEUNES

LA RÉVOLTE DES JEUNES 6 novembre 2005 Dixième nuit de violence dans les grandes villes de France, plusieurs milliers de voitures brûlées, les jeunes pauvres se révoltent. Personne ne croyait, je pense, à une telle extension des manifestations alors que tous les éléments d'explosion sont réunis depuis plusieurs années. Les syndicats avaient annoncé une "rentrée brûlante", mais ils ne devaient pas penser qu'elle aurait cette forme. Partie, comme souvent, d'une réaction à la mort de deux des leurs, les jeunes ont voulu manifester leur colère. Jusque là rien que de l'habituel. Nous avons connu ce type situation à Noisy le Grand, dans les années 1990, quand les voitures et les gymnases brûlaient déjà. Mais les mots provocateurs de Nicolas Sarkosy " nettoyer au karcher" et "débarasser de la racaille" ont mis le feu aux poudres et la colère a fait tâche d'huile. Ce sont des jeunes qui mènent le jeu. Des jeunes qui veulent montrer qu'ils existent, qu'ils ne veulent pas être humiliés et tenus pour quantité négligeable, des jeunes qui ne veulent pas être considérés comme les déchets de la société et qui n'ont comme mode d'expression que les jeux violents, ceux qu'ils pratiquent d'abord sur la console de jeu et ceux qu'ils mettent ensuite en application sur le terrain. Après quelques jours d'affrontements la police remarque qu'ils ne cherchent plus à l'affrontement. Ils ont mis au point des stratégies comme ils l'apprennent à la télévision ou au cinéma. Ils sont sur leur terrain et ils connaissent mieux les règles du jeu que les policiers de province appelés en renfort. Harcèlement, attaque surprise mais surtout cibles faciles et spectaculaires pour que la télévision puisse parler de leur quartier et montrer les images de leur "travail". Il s'établit une véritable compétition pour passer à la télé et faire parler de son "territoire". Quand il y avait eu le même genre de feu à Noisy le Grand, que tous les médias étaient présents le lendemain pour filmer les dégâts et enregistrer des jeunes qui voulaient témoigner, tous les élèves à l'entrée du collège étaient prêts à dire n'importe quoi pour se faire filmer et prêts aussi à s'attribuer des actes condamnables pour passer à la télé. J'avais dû, connaissant les dangers de tels propos pour les jeunes et l'avidité des reporters venus en "terrain de guerre", faire croire aux journalistes que j'avais tout vu, pour les conduire à quelques centaines de mètres de l'entrée du collège, sous prétexte que l'on voyait mieux la carcasse du gymnase fumante, pour éloigner les équipes de télévision des jeunes. J'avais bien sûr ensuite, à la grande déception des journalistes, fait une déclaration accusant les pouvoirs publics qui étaient au courant de l'explosion qui se préparait mais qui s'étaient contentées de protéger le commissariat avec plusieurs cars de CRS qui n'avaient pas bougé de la nuit. Alors si l'étendue de la révolte est simple à comprendre par les progrès de la communication entre les jeunes, la rivalité entre les villes pour montrer ses "exploits" et l'exaspération d'une jeunesse qui n'a rien à perdre et qui ne croit plus les adultes, pas plus leurs parents que leurs enseignants, l'exploitation du phénomène par le gouvernement est plus difficile à décrypter. Mon poste d'observation préféré est le journal télévisé de TF1. On a vu les premiers jours des policiers utiliser leur nouvel arsenal: des pistolets à balle qui semblent très menaçants et qui voulaient sans doute rassurer la population et prévenir les jeunes que la police était prête à réagir. Puis ces images ont disparu. On a essayé ensuite de faire croire que ces jeunes étaient très dangereux puisqu'un fait divers, qui avait coûté la vie à un photographe, en banlieue, prouvait le côté meurtrier de la violence. On a ensuite montré, comme dans les grêves, la population victime de la peur qui ne comprenait pas l'exaspération des jeunes, puis des élus et des habitants qui organisaient une marche silencieuse contre la violence, comme en Corse, et enfin des membres du gouvernement qui se serrent les coudes car ils ne savent plus quelle attitude avoir. On n'a pas entendu de jeunes " casseurs" qui refusent les médias car ils ont enfin compris que toute déclaration pouvait se retourner contre eux. On a peu entendu les soit-disant "organisateurs islamistes", mais on a entendu des parents dépassés, des éducateurs désespérés. Je n'arrive pas encore à saisir quelles sont les intentions du gouvernement: laisser la situation se détériorer encore pour que l'opinion publique accepte ensuite une répression féroce ( méthode chinoise), ou attendre que les citoyens fassent le travail des autorités dépassées par les évènements? Je pencherais pour la première idée car elle va dans le sens de la politique actuelle: il faut avoir le courage d'éliminer tout ce qui gêne la marche vers le profit. Plus de questions donc que de réponses, beaucoup de craintes pour ces jeunes qui vont être une fois de plus sacrifiés sur l'autel de l'économie, mais une satisfaction quand même de constater que la jeunesse, que l'on croit "neutralisée" continue à réagir et à bouger et même à menacer l'équilibre fragile de nos sociétés sur le déclin.
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