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16 août 2022

CABU, LA RAFLE DU VEL D'HIV

CABU,  LA RAFLE DU VEL D’HIV

Cabu Vel d'hiv

 Dans le numéro de l’Union pacifiste de juillet-août 2022 nous avons annoncé l’exposition des dessins de Cabu sur la Rafle du Vel d’Hiv, au Mémorial de la Shoah, à Paris. Elle se tiendra jusqu’au 7 novembre 2022. J’invite donc tous les admirateurs de l’oeuvre de Cabu à visiter cette exposition exceptionnelle par la qualité des dessins du jeune Cabu dans un style original, loin du dessin de presse satirique et humoristique que nous connaissons. Exposition exceptionnelle aussi par la qualité de la présentation de l’historien Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l’histoire de Vichy et de la Shoah, mais aussi collaborateur de Charlie Hebdo.

À celles et ceux qui ne pourront pas profiter de cette visite je conseille la lecture de l’album « CABU, LA RAFLE DU VEL D’HIV . Les dessins y sont présentés par Laurent Joly. L’avant-propos est de Véronique Cabut. 

cabu couverture

Laurent Joly introduit l’ouvrage avec ce texte en quatrième de couverture: « La rafle du Vel d’Hiv, qui fit  près de 13 000 victimes, dont 4000 enfants, les 16 et 17 juillet 1942, est l’un des épisodes les plus terribles de la collaboration de Vichy avec l’occupant nazi.

En 1967, à l’occasion de la sortie du livre de Claude Lévy et Paul Tillard, «  La grande rafle du Vel d’Hiv », Cabu, jeune dessinateur de presse, met tout son talent pour illustrer cette tragédie. Ces dessins restituent de manière poignante cette page sombre de notre histoire.

Cabu est mort le 7 janvier 2015 sous les balles de l’islamisme, dans les locaux de Charlie Hebdo à Paris. Il a dessiné le pire du XXème siècle et a été lui-même la victime du pire du XXIème siècle. Ce destin confère à ses dessins une charge émotionnelle particulière, et pour tout dire vertigineuse ».

Une note de Cabu figure aussi sur la couverture: « 1967… le livre-révélation de Paul Tillard et Claude Lévy annonce d’autres repentances du passé vichyssois. Le «  Nouveau Candide » publie les bonnes feuilles de ce livre terrible qui me donne des cauchemars en l’illustrant… »

Véronique Cabut écrit dans l’avant-propos du livre: « Foisonnement de personnages toujours différents comme chez son maître Albert Dubout qu’il copiait lorsqu’il était enfant. Visages expressifs aux yeux apeurés des hommes, femmes et enfants; dureté des policiers, des militaires, impassibles. »

Elle ajoute au sujet du style particulier adopté par Cabu pour traiter ce sujet douloureux. « Cabu avait une immense admiration pour les tableaux de Rembrandt, il prenait des notes sur les yeux des personnages dans tous les musées. »

Et Véronique Cabut termine par cette phrase qui explique l’engagement de Cabu pour dessiner cette tragédie provoquée par le gouvernement français de Vichy et la violence de la police parisienne: «  Cabu en restera marqué toute sa vie, comme par son service militaire obligatoire de vingt-sept mois pendant la guerre d’Algérie ».

L’historien Laurent Joly a écrit un long texte d’introduction à l’exposition, un texte très pédagogique et nécessaire pour comprendre la période de la deuxième guerre mondiale en France, la collaboration du  gouvernement de Vichy, les pressions de l’armée d’occupation nazie contre les Juifs et le zèle de la police française pour organiser elle-même les arrestations et la déportation d’un maximum de Juifs. L’organisation et le déroulement heure par heure de la «  rafle monstre » des 16 et 17 juillet 1942, plus tard appelée «  la rafle du Vel d’Hiv » est expliquée avec précision. On est indigné par le comportement scandaleux des autorités préfectorales qui arrêtent, contrairement aux demandes des nazis, des enfants français et les déportent, en connaissant le sort qui leur sera réservé, dans des camps où les chambres à gaz ont été construites. Des milliers d’enfants ne reviendront pas.

Laurent Joly écrit: « Dans la France martyrisée et héroïque de la Libération, l’écho des rafles terribles de l’été 1942  est fortement atténué… Les choses évoluent à la fin des années1950. Le thème de l’extermination des Juifs, de sa singularité, occupe une place grandissante dans la vie culturelle française ».

C’est seulement en 1967 que Le Nouveau Candide, hebdomadaire de droite « à la fois soutien du général de Gaulle et sournoisement racoleur, avec ses titres accrocheurs et ses unes grivoises… n’hésite pas à user du filon «  juif » pour créer la polémique et alimenter les ventes ».  L’historien souligne: «  En publiant les bonnes feuilles  de La Grande Rafle du Vel d’Hiv, Le Nouveau Candide poursuit dans la même veine mais cette fois sous le prétexte louable de dévoiler «  le récit caché aux Français pendant 25 ans ».

Cabu Candide

En 1967 Cabu est déjà un dessinateur connu par ses collaborations à Hara-Kiri, Pilote mais aussi par ses dessins dans Le Monde des livres, Le Journal du dimanche, Paris-Presse l’Intransigeant et Le Nouveau Candide. Quand la rédaction du journal lui demande d’illustrer les bonnes feuilles du livre sur la rafle du Vel d’Hiv, Cabu se met au travail avec beaucoup de sérieux. Ses dessins, publiés dans quatre numéros de l’hebdomadaire, sont très appréciés par l’auteur du livre, Claude Lévy.

«  Le parti pris de Cabu consiste à se concentrer sur les victimes, leur détresse, leur dignité, face à la machine policière implacable. » écrit Laurent Joly. « Cabu veut signifier que la grande rafle de juillet 1942 est bien une affaire française- qui n’implique pas la population mais l’administration, la police, leurs agents au service de l’occupant et de la politique de collaboration de Vichy ».

Dans l’album, comme sur les murs de l’exposition, chacun des seize dessins grand format de Cabu, est commenté par l’historien.

 

cabu 3

Par exemple, dans le dessin qui représente les personnes raflées par la police Cabu montre les dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants arrêtés puis conduits dans les rues de Paris, sous escorte policière, aux centres de rassemblements. «  Le dessinateur accentue la perspective plongeante de cette scène. Comme à son habitude, il prend un soin particulier à donner un visage distinct à chacune des personnes arrêtées.»

 

 

 

 

 

 

 

Dessin, Copyrigth: Véronique Cabut

Cette caractéristique du dessin de Cabu se retrouve dans la célèbre illustration de l’autobus où chaque visage est expressif et aussi dans le dessin de l’enfer du Vel d’Hiv où des milliers  de victimes sont parquées dans un chaos terrifiant.

Cabu autobus

 

 Dessin: Copyrigth Véronique Cabut

Dans l’épilogue de l’album Laurent Joly écrit: « Jusqu’au début des années 1980, les manuels scolaires décrivent une opération exécutée par les seules «  autorités nazies ». Mais « La rafle du Vel d’Hiv ne fut en rien le fait de « minorités activistes » ( celles des Darquier de Pellepoix ou des Doriot) . Le maréchal Pétain lui-même, que le jeune Mitterand admirait, en approuva le principe. Ses décideurs côté français furent Pierre Laval ( que François Mitterand respectait comme l’un des rares hommes d’État de la Troisième République) et René Bousquet, qui comptait parmi les amis personnels du futur président socialiste. Et elle fut exécutée par la police parisienne et ses gardiens de la paix… »

« Le 16 juillet 1995, sur les lieux de l’ancien vélodrome, le président Chirac prononça les paroles tant attendues: «  Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français. La France, patrie des Lumières et des Droits de l’homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux ». 

Cabu 2

En 1971, dans Charlie Hebdo, Cabu écrivait:  «  Allez voir « Le chagrin et la pitié » (film de Marcel Ophuls ) au Saint-Séverin, le film qui était destiné à la télévision. Mais la télé n’aime pas qu’on remue la merde… On rappelle entre autres, que les policiers français de l’époque mettaient encore plus de zèle que les nazis à la chasse aux Juifs. » 

Amis pacifistes allez voir l’exposition «  Cabu, La rafle du Vel d’hiv » au Mémorial de la Shoah, à Paris, avant le 7 novembre 2022. Elle est non seulement un beau moment artistique mais aussi une nécessaire leçon d’histoire dans la période actuelle.

 

Bernard Baissat

 

Dessins: Copyrigth Véronique.Cabut.

Livre:CABU, LA RAFLE DU VEL D’HIV. Editions Tallandier, 2022. 18 euros. 

 

 

 

 

 

 

 

Vel d'HivFilm: «  La Rafle du Vel d’hiv, La honte et les larmes, réalisé par David Korn-Brzoza, écrit par Laurent Joly et Korn Brzoza.À voir et à revoir sur france.tv

https://www.france.tv/documentaires/h...

 

 

 

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Commentaires
T
Il y a aussi l'histoire du "réemploi" de trois de ses dessins par Cabu, quelques années plus tard, pour mettre en opposition les paroles de la chanson anti-mai-68 Mes Universités (de Philippe Clay) et l'image des policiers ou gendarmes français ayant encadré la rafle (à Paris ou ailleurs).<br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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