NOUS SOMMES EN GUERRE, jour 27

NOUS SOMMES EN GUERRE, jour 27 ( 12/04/2020 )

JEUNES SACRIFIÉS. Comme pour la première guerre mondiale, quand les combattants croyaient partir pour quelques semaines et ont été piégés pour plusieurs années, les confinés du coronavirus pensaient être privés de liberté pendant quelques jours et ils se retrouvent emprisonnés pendant plusieurs semaines, plusieurs mois ou peut-être plusieurs années !

La gestion calamiteuse d'une société basée uniquement sur le profit individuel a déjà provoqué plusieurs crises dans le monde mais la crise du coronavirus semble être exceptionnelle. Le système capitaliste a commencé par mettre les vieux, moins ou pas productifs, à l'écart: les plus riches dans les EHPAD où ils pouvaient être dépouillés de leurs économies et de leurs biens, les plus pauvres à l'abandon dans leurs domiciles. Aujourd'hui le système s'attaque aux jeunes. Alors qu'ils ne sont pas encore responsables de leur condition précaire, le gouvernement fait appel à eux pour sauver la situation. Les étudiantes et les étudiants dans les métiers de la santé sont appelés à aider les soignants des malades atteints du coronavirus, les étudiantes et les étudiants dans les métiers du social sont appelés à renforcer les faibles équipes qui viennent au secours des personnes en difficulté, les étudiantes et les étudiants dans les métiers de la sécurité sont appelés à s'exposer sur les routes pour sanctionner les habitants qui voudraient se mettre à l'abri dans un lieu autre que leur domicile principal.

Le gouvernement a même lancé une plateforme " jeveuxaider " pour recruter des bénévoles de la réserve civique. Il pense palier ainsi à la pénurie de personnel organisé depuis des années dans tous les services publics. C'est un engagement forcé, assorti de promesses de bonus pour des examens ou de punitions en cas de refus. Le jeune homme, organisateur de cette mascarade, se félicite du nombre de volontaires alors que cette opération de communication nous inquiète. En effet, les jeunes n'ont pas attendu les sollicitations du gouvernement pour prendre conscience de la situation et organiser eux-mêmes des réseaux de solidarité dans des quartiers en difficulté et auprès des personnes vulnérables. 

Le jeune responsable de la plateforme " jeveux aider" pense aussi faire appel aux prochains volontaires du Service national universel, les 30 000 jeunes filles et garçons âgés de 15 ans, recrutés cette année. Il veut confier leur sécurité aux associations qui les feront travailler. Quand on sait que tous les travailleurs et même ceux de la santé sont aujourd'hui encore en danger par manque de protections contre le coronavirus peut-on imaginer que ces jeunes seront à l'abri de graves maladies ?

Après avoir sacrifier les vieux est-ce que cette société, pour sauver son mode de fonctionnement, est prête à sacrifier sa jeunesse ?