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25 novembre 2022

LE NUCLÉAIRE ET LA GUERRE EN UKRAINE

Marc Edeweld

 

LE NUCLÉAIRE ET LA GUERRE EN UKRAINE

En 1991 les pacifistes manifestaient contre la guerre du Golfe, une guerre pour le pétrole. En 2022, dans le conflit russo-ukrainien, est-ce que les antimilitaristes s’opposeront à une guerre pour le nucléaire ? Le journaliste d’investigation Marc Endeweld, dans son livre: «  Guerres cachées. Les dessous du conflit russo-ukrainien » écrit: « En déclarant la guerre , Poutine ne souhaite pas seulement une démilitarisation de l’Ukraine, il entend également mettre le holà à la volonté de souveraineté énergétique du président Zelensky… Au delà de la question de l’OTAN, le dossier nucléaire est un casus belli pour Vladimir Poutine ».

Le dossier nucléaire.

Pourquoi le dossier du nucléaire est-il un sujet aussi important dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine? Marc Endeweld nous l’explique en abordant un sujet qui reste encore très sensible pour toutes les puissances nucléarisées. En effet, l’Ukraine  était, au temps de l’Union soviétique, la troisième puissance nucléaire mondiale  après la Russie et les Etats-Unis. Elle possédait 1 900 ogives, 176 missiles intercontinentaux, 44 bombardiers stratégiques avec 700 missiles, 2000 armes nucléaires. En 1994 le pays a accepté de livrer à la Russie tout son arsenal . C’est à cette date que le Mémorandum de Budapest a été signé. « En acceptant de se défaire de l’arsenal soviétique ( chose faite en 1996) et de rejoindre le traité de non-prolifération, qui vise à réduire le risque que l’arme nucléaire se répande à travers le monde, l’Ukraine obtient de la Russie, des Etats-Unis, du Royaume uni, de la Chine et de la France, des garanties sur sa sécurité, son indépendance et son intégrité territoriale. » précise Marc Endeweld.

En 2014, la guerre du Donbass éclate. Marc Endeweld écrit: «  Dès mars 2014, Volodymyr Ohryzko, ancien ministre des Affaires étrangères, fait valoir publiquement que l’Ukraine a désormais le droit moral et légal de rétablir son statut nucléaire…Un sondage dans la foulée montre que près de la moitié des Ukrainiens souhaitent un réarmement nucléaire ».

L’Ukraine cherche alors à se libérer de la tutelle de Moscou sur son industrie nucléaire. Elle se tourne vers les Etats-Unis pour qu’ils prennent le relais de sa filière électronucléaire avec la société Westinghouse.  «  En août 2021, un accord de coopération américano-ukrainien prévoit la création par Westinghouse d’usine de fabrication de combustible nucléaire à Skhidnij. Un mois plus tard un protocole d’accord représentant potentiellement 30 milliards de dollars de contrats est signé par la firme américaine  et Energoatom ( société ukrainienne) pour la construction de quatre réacteurs AP1000 en Ukraine… Et en novembre, un nouveau contrat est signé pour la réalisation à Khmelnitski de deux réacteurs AP1000 pour 10 milliards de dollars. »

Poutine perçoit cela comme un affront et une menace pour la Russie. En effet, avec Rosatom leader mondial du combustible nucléaire, la Russie veut garder la haute main sur les centrales ukrainiennes. 

Les menaces sur le nucléaire

Marc Endweld écrit: « Vladimir Poutine, dans une allocution où il reconnaît l’indépendance des républiques du Donbass déclare: «  Nous avons entendu dire que l’Ukraine voulait se doter de l’arme nucléaire. Pour l’Ukraine se la procurer sera facile, d’autant plus si elle est aidée par l’étranger…Nous ne pouvons pas laisser ce danger réel sans réaction ». Plus que  sur l’OTAN ou sur la question du Donbass, les accusations de Poutine portent donc sur le risque de prolifération nucléaire. »

L’auteur le rappelle: les Ukrainiens comptent de nombreux scientifiques et disposent d’une vraie capacité industrielle en matière de construction de missiles qui pourraient, à terme, servir à porter des charges nucléaires.

D’autre part, le réseau électrique ukrainien dépend en grande partie du nucléaire. Aidée par la société Westinghouse l’Ukraine décide de déconnecter son réseau électrique du réseau russe et commence à le connecter au réseau européen. 

Marc Endeweld précise: «  A peine quatre heures après la déconnexion du réseau électrique ukrainien du réseau russe, les troupes russes franchissent les frontières de l’Ukraine. Même si l’invasion était quoi qu’il en soit programmée, ce nouvel épisode le prouve: Moscou entend garder la haute main sur le système électrique ukrainien. ». Et il ajoute: « Dès le début de l’invasion la Russie fait du contrôle des principales infrastructures énergétiques - et notamment les centrales nucléaires - une priorité. ». 

L’occupation de la centrale de Tchernobyl avec ses déchets nucléaires dès le début de la guerre, puis de la centrale de Zaporijla, la plus grande d’Europe, qui fournit parfois en électricité  la Russie, et enfin la destruction systémique des infrastructures électriques de l’Ukraine, prouvent que Poutine ne veut rien lâcher sur l’industrie nucléaire ukrainienne.

Le nucléaire est donc bien un enjeu de la guerre russo-ukrainienne. Pour la défense de cette industrie des civils et des soldats meurent tous les jours.

Marc Endeweld conclut: « l’Europe apparaît plus impuissante que jamais face à ce conflit survenu à ses portes…Le réarmement se fait dans la précipitation et pour la plus grande satisfaction des industriels américains. ».  

Bernard Baissat

Marc Endeweld. «  Guerres cachées. Les dessous du conflit russo-ukrainien » Seuil. juin 2022.

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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