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6 mars 2013

Stéphane Hessel

Stéphane Hessel

Stéphane Hessel, un symbole de l’engagement universel

 

Le succès planétaire de son opuscule «Indignez-vous!» a surpris tous ceux qui ne connaissaient pas Stéphane Hessel et a surpris, l’auteur lui-même. C’est ce qu’il déclare dans le film-portrait de Sophie Lechevallier :« Empreintes». Et il ajoute, adepte de l’ironie: « Ma seule raison d’être, et je crois y avoir réussi, était d’épater ma mère». Rappelons que sa mère, Helen Hessel, était la femme libre qui avait inspiré Truffaut pour son film «Jules et Jim».

Stéphane Hessel a aussi épaté les jeunes générations qui ont relayé son indignation pour lancer des mouvements de contestation et de résistance un peu partout dans le monde.

La vie de Stéphane Hessel est apparue, dans nos sociétés en manque de repères, comme un exemple de courage, de persévérance et d’espoir. 

Né en Allemagne, naturalisé français encore jeune, il s’illustre très vite à l’Ecole Normale Supérieure de Paris, dans la Résistance au nazisme et aux Nations Unies où il participe à la rédaction de la Charte universelle des Droits de l’Homme. Ayant subi les épreuves de la torture et des camps de concentration il a frôlé plusieurs fois la mort, mais déclare, dans des entretiens, que la poésie l’a aidé à surmonter les souffrances et qu’il a réussi à apprivoiser la mort qui l’a surpris dans son sommeil, à 95 ans, le 27 janvier 2013.

La disparition de cet homme de conscience a suscité des hommages unanimes. Son éthique universelle a été saluée et les pacifistes disent tout le respect qu’ils éprouvent pour cet ambassadeur de la paix et de la justice, « saisi, comme il le disait, par le démon de l’engagement».

Ses livres resteront des témoignages précieux qui marqueront notre époque et Stéphane Hessel continuera à « épater» tous ceux qui essaieront de reprendre son flambeau. Le titre du livre d’entretiens avec le journaliste suisse Roland Merk, qui sort après sa mort, porte bien son titre: « A nous de jouer». C’est un appel aux indignés de la terre pour que jamais ils ne se découragent et qu’ils gardent l’espoir de l’aboutissement de leurs rêves.

Président d’honneur du Tribunal Russel sur la Palestine, Stéphane Hessel tente avec courage de faire appliquer le droit international en Palestine. Dans la préface qu’il écrit pour le dernier rapport paru après sa mort, il note:  « Il s’agit d’un cas unique, celui d’Israël, qui doit sa création et son existence mêmes à l’organisation des Nations Unies – et à la réalisation des objectifs de la Charte des Nations Unies – et qui, depuis lors, se comporte comme si les obligations de la Charte n’existaient pas pour lui. ».

En 2009, après les bombardements de l’opération militaire israélienne« plomb durci» et après une visite mouvementée à Gaza, avec sa femme Christiane et l’Association « La voix de l’enfant»,  Stéphane Hessel avait déclaré dans un journal allemand: « "Si j'osais une comparaison audacieuse sur un sujet qui me touche, je dirais ceci : l'occupation allemande était – par rapport à l'occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens – relativement inoffensive, exceptées les arrestations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol de chefs d'œuvre." Traité d’antisémite par des ultra-israéliens il précisait: "Dans ces territoires occupés, les Palestiniens sont dans une constante mise à l’épreuve par la présence israélienne. Je pense en particulier au cas de Gaza : jamais l’occupation allemande n’a entouré le territoire français de tels obstacles."

Stéphane Hessel sait de quoi il parle puisqu’il est le fils de Frantz Hessel, écrivain juif allemand qui a dû fuir le nazisme et se réfugier à Sanary-sur-mer, près de Toulon, où une plaque porte son nom et ceux d’autres intellectuels allemands réfugiés: Thomas Mann, Stefan Zweig, Arthur Koestler, Lion Feuchtwanger, Wilhelm Herzog, Ludwig Marcuse. Lorsque Frantz Hessel a été arrêté et conduit avec son fils Ulrich, au camp de concentration des Milles, près d’Aix-en-Provence, c’est Stéphane qui a réussi à les faire sortir.

Stéphane Hessel a toujours été du côté des persécutés, des opprimés et des étrangers déplacés. C’est lorsqu’il était engagé en France dans le Fonds d’Action Sociale pour les familles immigrées que j’ai eu le privilège de le connaître. Nous avons fait ensemble un reportage pour l’émission de télévision Mosaïque de France 3, sur un foyer malien de la région parisienne. Stéphane Hessel y parlait déjà de l’exploitation des travailleurs immigrés et de leurs difficultés dans la vie quotidienne. J’ai eu ensuite plusieurs fois l’occasion de le revoir dans des luttes concernant la dignité des étrangers. Il ne manquait jamais une occasion de rappeler tout ce que les étrangers avaient apporté à la civilisation et à la culture françaises.

Je l’avais invité en 2009 à se joindre à l’hommage que nous rendions, avec l’Union Pacifiste, à l’avocat Jean-Jacques de Félice autour du film que je projetais dans un cinéma parisien. Stéphane Hessel avait, une fois encore, enthousiasmé l’assistance avec sa voix unique et ses mots de poète.

Merci, Stéphane Hessel, pour tout ce que vous nous avez donné et pour le chemin que vous nous avez montré. Nous espérons pouvoir garder encore longtemps votre «audace de l’espoir».

 

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