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14 février 2009

MA GODASSE.13

MA GODASSE. 13 14 FÉVRIER 2009 GUADELOUPE C’est dans ce “département” français d’Outremer que j’ai commencé mon travail dans les stations de télévision des DOM-TOM. Ce sont les Guadeloupéens qui m’ont donné envie de mieux connaître la politique “ coloniale” de la France dans ces territoires. Les Guadeloupéens ont toujours été en avance sur les autres DOM pour revendiquer leurs droits. Quand j’ai découvert ce qui se passait dans les autres territoires j’ai compris que la situation “ coloniale” était encore pire ailleurs. En Martinique, où j’ai eu l’occasion de faire un repas dans une famille Béké qui vivait comme au XVII siècle, à Mayotte, où j’ai entendu des propos d’un racisme virulent. J’ai vu aussi que la seule politique de la Métropole était de déverser de l’argent public pour stopper les revendications d’indépendance. Et le principal argument anti-indépendantiste des autorités de l’état français était: “ Regardez vos voisins indépendants dans quelles conditions misérables ils vivent”. Dans les Caraïbes, Haïti sert de repoussoir, pour la Guyane, le Surinam fait l’affaire, pour la Réunion, Madagascar est un bon exemple, pour la Nouvelle Calédonie on peut se servir du Vanuatu etc. Alors quand le robinet de l’argent de l’état se ferme il ne faut pas s’étonner de la renaissance de la révolte contre les “ colonisateurs”. Le point aujourd’hui sur la grêve générale en Guadeloupe est donné par France Info: Colère et grève générale en Guadeloupe et Martinique France Info - 06:00 Cela fait plus de trois semaines que la Guadeloupe est totalement paralysée par une grève générale. La Martinique, dix jours. Et l’ile de la Réunion prévoit de se mettre en grève à son tour le 5 mars. Les négociations avec le gouvernement sont dans l’impasse... Le mouvement de grève, qui touchera bientôt trois des quatre départements d’Outre-Mer, a été lancé en Guadeloupe le 20 janvier, avant de s’étendre il y a dix jours à la Martinique, l’ile voisine. Les grévistes, des syndicats et des associations, dénoncent la vie chère. Beaucoup plus chère sur leur ile qu’en métropole. Conséquence, tous les magasins sont fermés, les station-services également, les aéroports, les écoles... L’ile est complètement paralysée et les employés ne sont plus payés. Envoyé sur place pour négocier, le secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer Yves Jégo a fait aux grévistes une série de 39 propositions. Mais une revendication en particulier, empêche les deux parties de se mettre d’accord : celle d’une augmentation de 200 euros par mois, pour tous les travailleurs guadeloupéens. Les patrons d’entreprises ne veulent pas payer si l’Etat ne les aide pas, et l’Etat n’a pas l’intention de leur donner cette somme d’argent, évaluée à environ 100 millions d’euros. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- LE FIGARO, prend bien-sûr la défense des colons-producteurs en montrant la violence des grêvistes. Guadeloupe : l'économie entravée par le LKP La tension dans l'île entraîne la chute du chiffre d'affaires de nombreuses entreprises. Robert Lignières, cheveu court et grisonnant, gourmette en or au poignet, contemple d'une mine découragée la salle de sport déserte qui s'étale en contrebas de son bureau. Jeudi, pour la première fois depuis le début du conflit qui paralyse la Guadeloupe, ce béké de 61 ans a été contraint de fermer son club de fitness situé dans la zone industrielle de Jarry. «Jusqu'à présent, confie-t-il avec un sourire crispé, on passait entre les gouttes en ouvrant quelques heures par-ci, quelques heures par-là.» Désormais, il assure que les grévistes du collectif Liyannaj kont pwofitasyon (Ensemble contre les profiteurs, ou LKP) ne lui laissent plus le choix. «Jeudi, une centaine de clients étaient en train de s'entraîner lorsque des gros bras du LKP portant des drapeaux rouges sont venus me dire que je n'avais pas le droit d'ouvrir , raconte Robert Lignières. Comme il y avait des femmes et des enfants à l'intérieur, j'ai commencé par appeler la police et les gendarmes, mais ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire. Alors, j'ai fait barrage avec mes professeurs de sport et, malgré quelques échauffourées, j'ai pu évacuer tout le monde avant de baisser le rideau.» À la tête d'une entreprise qui emploie 25 salariés et compte 3 200 clients, Robert Lignières affirme comprendre la colère des grévistes contre la vie chère, mais il peste contre les méthodes du LKP qui, jure-t-il, sont en train de mettre à bas l'économie de l'île. «Depuis le début du conflit il y a quatre semaines, j'ai fait 1 635 euros de chiffre d'affaires, contre plus de 400 000 euros par mois en temps normal», explique l'homme, qui affirme ne pas être en mesure de tenir longtemps de la sorte. Située en banlieue de Pointe-à-Pitre, Jarry a depuis vingt-cinq jours les allures d'une ville morte où seules de rares entreprises osent encore ouvrir leur rideau. Chaque matin, des groupes de grévistes sillonnent la zone industrielle pour perturber leur activité, jusqu'à présent sans heurt notable. «Mais la passivité des forces de l'ordre, qui ne font rien pour protéger notre liberté de travailler, commence à porter sur les nerfs de certains patrons», explique-t-on au Mouvement des entrepreneurs de la Guadeloupe. «Casse-toi patron» Ce vendredi matin, une trentaine de personnes portant des tee-shirts aux couleurs de la CGT bloquent ainsi l'entrée d'une entreprise qui commercialise des bois exotiques brésiliens, n'hésitant à lancer, lorsqu'une voiture tente de forcer le passage : «Casse-toi patron, on t'empêche de rentrer.» «Nous sommes venus soutenir un employé de cette société que son patron veut licencier pour le punir de s'être mis en grève», justifie Tony Grava, membre du LKP. Dans les rues de Pointe-à-Pitre et plus encore dans les petits bourgs de l'île, chacun est désormais affecté de plein fouet par la grève. Certains, tel Jean-Marie, le prennent avec philosophie. «On ne trouve plus de yaourts ni de viande rouge, on se déplace moins, on apprend à vivre autrement …», résume ce cadre guadeloupéen de 45 ans qui soutient le mouvement. Dans la zone touristique de Gosier, certains patrons d'hôtel pratiquent aussi le système D, se ravitaillant à la sauvette en pleine nuit - «avec des Indiens» - pour contourner les barrages du LKP. Employée dans une société de restauration qui s'apprête à licencier quatre de ses quinze employés, Juline Monet observe, plus sévère : «Je n'ai plus de gaz depuis trois semaines, mes filles n'ont pas eu école depuis un mois et j'ai perdu un tiers de mon salaire en janvier, alors il faut que ça s'arrête.» Parfaitement conscients que le blocage des négociations intervenu jeudi risque, à la longue, de décourager une population déjà éprouvée, les cadres du LKP ont entrepris hier de sillonner l'île «pour la sensibiliser au blocage que pratiquent les patrons». Dans le même temps, Elie Domota et ses troupes affirment désormais vouloir durcir le mouvement, menaçant d'«un cyclone à 900 kilomètres heures» après la bourrasque sociale des dernières semaines. --------------------------------------------------------------------------------------- L’HUMANITÉ, essaie d’analyser le malaise historique profond: Guadeloupe, le lourd héritage colonialiste et esclavagiste À la Martinique comme à la Guadeloupe, la mémoire des luttes des esclaves imprègne les consciences et les luttes sociales, dirigées contre la mainmise des descendants des colons sur l’économie. « Nous avons adopté la position verticale. » Parole de Guadeloupéens en lutte, en forme de clin d’œil à Césaire, qui se définissait comme un « Nègre vertical », émancipé de la position de l’esclave à l’échine courbée. Comment comprendre la référence à l’histoire esclavagiste, omniprésente dans le mouvement social qui secoue depuis un mois les Antilles ? C’est que cette histoire lourde, longtemps taboue, a forgé, dans ces îles les consciences, les mentalités et les rapports sociaux. « L’ancêtre africain, puis hindou, a été arraché à sa terre lointaine pour féconder de sa sueur et de son sang d’esclave le sol martiniquais. L’ancêtre européen a été le « conquistador » qui a marqué le pays de sa forte empreinte de domination (…). L’aujourd’hui martiniquais ne peut se comprendre pleinement sans plonger le regard dans ces deux siècles de colonisation qui ont précédé l’abolition de l’esclavage », écrit l’historien communiste Armand Nicolas dans son Histoire de la Martinique. L’histoire de l’esclavage a marqué ces îles au fer rouge. Au point que cent soixante et un ans après l’abolition, les descendants des colons blancs esclavagistes conservent une mainmise quasi-totale sur les économies de la Martinique et de la Guadeloupe, perpétuant des rapports de domination et d’exploitation hérités d’un autre âge. En contrepoint, et malgré le tabou que constitua longtemps son évocation, la mémoire des luttes des esclaves imprègne les consciences et les luttes sociales. « Cela fait 400 ans qu’ils vivent sur notre dos. Cela doit cesser, maintenant », résume Elie Domota, secrétaire général du syndicat UGTG, porte-parole du collectif « Lyannaj Kont Pwofitasyon » à l’origine de la grève générale guadeloupéenne. Emmurés dans un monde à part, au sommet d’une hiérarchie sociale qui maintient les Noirs au bas de l’échelle, les békés, qui détiennent le quasi-monopole du commerce, sont les principales cibles de la révolte contre les « profiteurs ». « Les békés, pour eux, rien n’a changé. Ils se croient toujours en 1635. Comme patrons, lorsque nous les avons face à nous, ils nous méprisent et nous insultent. Ils vivent en autarcie, dans leur bulle, et nous, nous sommes là à travailler pour eux comme des bêtes de somme », explique Ludovic, agent de sécurité, syndicaliste UGTG. Cette aberration historique attise un douloureux sentiment d’injustice. Comme si quelque chose, dans cette histoire, n’avait pas été réparé, en dépit de la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité, en 2001. « L’histoire de l’esclavage et de la colonisation est fondamentale pour comprendre nos souffrances et nos révoltes. Beaucoup de choses ont été défaites en nous. Je n’en veux pas aux békés, mais 160 ans après l’abolition il faut sortir enfin de ce rapport de domination. Il est anormal que les descendants des esclavagistes trustent encore l’économie de nos pays », affirme la Martiniquaise Suzy Singa, metteur en scène, comédienne et musicienne. Au-delà du maintien de cette oligarchie, c’est le regard suspicieux de la plupart des Blancs sur les Noirs et le racisme hérité de la colonisation que dénoncent Martiniquais et Guadeloupéens. « Nous sommes descendants d’esclaves. Nos ancêtres ont construit ce pays et la France. Pour tout salaire, ils recevaient des coups de fouet. Il reste des traces de ce mental colonialiste, chez les békés comme chez de nombreux métropolitains blancs. C’est cela qui explique la discrimination raciale dont nous sommes victimes, sur le marché du travail mais aussi dans tous les domaines de la vie », estime Mylène, secrétaire médicale au chômage, habitant dans un quartier populaire à Pointe-à-Pitre. Ce climat, relèvent de nombreux acteurs du mouvement, a été alourdi ces dernières années par les envolées d’un président de la République prompt à fustiger « la repentance » ou à exalter les « aspects positifs » de la colonisation. « En parlant ainsi, Nicolas Sarkozy contribue à maintenir ce rapport de domination et à libérer la parole raciste. Ces discours-là, nous ne les supportons plus », confie Suzy Singa. Pour l’artiste, c’est le rapport même de la France à elle-même qui est en cause. « Je ne renie pas la part française qui est en moi. C’est l’histoire. Mais nous sommes différents. Que l’on nous laisse être ce que nous sommes, métissés, avec notre histoire. La France ne nous accepte pas comme tels. Ce pays a un lourd problème avec ses couleurs, avec la multitude qui la constitue. » Rosa Moussaoui Il est évident que l’histoire joue un rôle important dans la révolte des colonisés et que l’exemple américain d’un président noir met en évidence la domination des Blancs européens dans les DOM TOM. Il serait intéressant de voir naître dans ces territoires, souvent ignorés des Métropolitains, la première révolte d’envergure contre un gouvernement qui conduit la France et ses “ colonies” à la ruine.
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