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19 avril 2008

AIMÉ CÉSAIRE, MERCI

AIMÉ CÉSAIRE, MERCI 19 avril 2008 “ Papa Césaire” n’est plus. Les Martiniquais lui rendent l’hommage qu’il mérite et le monde entier salue la mémoire de cet homme exceptionnel. Poète, professeur mais surtout homme politique qui s’est consacré à la défense des opprimés et qui a toujours eu le courage d’exprimer et de publier ses idées, Aimé Césaire restera dans l’histoire universelle comme le “chantre de la négritude” mais aussi comme le représentant de l’indépendance. Malheureusement cette indépendance, pour laquelle il a toujours lutté, avec son ami Senghor d’abord, puis avec son parti progressiste martiniquais, n’a pas abouti pour la Martinique. Rapporteur de la loi de départementalisation en 1947, par fidélité à la France résistante, Aimé Césaire n’a pas été récompensé par la “mère patrie”. En 1956, maire de Fort de France, il accepte de recevoir “ papa de Gaulle” en voyage privé auprès des Français libres et des “dissidents” des Antilles. Déçu par l’attitude du président Charles de Gaulle il en arrive presque à la rupture en 1961. C’est Malraux qui réussira à convaincre Aimé Césaire de soutenir la politique de décolonisation de de Gaulle. Le 24 mars 1964, dans son discours d’accueil du général de Gaulle, en Martinique, Aimé Césaire dit: “ Et maintenant, M. le Président de la République, permettez-moi d’ajouter que dans la Martinique de 1964, nous vous accueillons aussi avec une immense espérance, car voyez-vous, nous aussi, nous avons nos problèmes, et pour les résoudre, nous avons besoin de votre aide, de votre compréhension, de votre générosité. Problème d’une île étroite, pauvre et terriblement surpeuplée. Problème du sous-développement d’un pays singulièrement arriéré du point de vue économique. Problème de notre prolétariat, voué au chômage et qui ne voit dans l’émigration qu’un palliatif inhumain. Problème de notre jeunesse trop souvent acculée à la révolte parce qu’elle est sans débouché et privée de perspectives. Il se trouve que nous sommes confrontés, assaillis, bousculés par tous ces problèmes en même temps.” De Gaulle, qui aimait en Aimé Césaire, non seulement l’intellectuel mais aussi l’homme qui défendait son peuple, a été sensible à son appel. Mais malheureusement, plus de 50 ans après, la Martinique ressemble beaucoup à celle qu’Aimé Césaire décrivait en 1956 et les problèmes de société n’ont pas beaucoup progressé. Aujourd’hui s’y ajoutent les problèmes de pollution et de santé. Les Martiniquais ont beaucoup de raisons de ne pas être satisfaits de l’attitude de la France. Seul département dans lequel le patron du Front National n’a jamais pu attérir, les Martiniquais ont montré la voie de la résistance et du courage. Et Aimé Césaire, apprécié même par ses adversaires politiques, n’y est pas étranger. Alors laissons “ papa Césaire” à son peuple. L’idée saugrenue, émise par une candidate à l’élection présidentielle française, de le transporter au Panthéon, est presque une insulte à la mémoire d’un homme qui cultivait la modestie autant que l’attachement à son peuple. “Papa de Gaulle” est à Colombey après avoir refusé des obsèques nationales. “ Papa Césaire” n’échappera pas aux guignols de la politique française prêts à récupérer un peu de gloire de ce grand homme mais reposera quand même à Basse Pointe, dans sa terre natale. Il pourra au moins profiter, auprès des siens, de l’amour qu’il a semé.
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