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27 août 2007

SARKONNERIES 3

SARKONNERIES 3

27 août 2007

Sarko 1er, après un entretien avec Bush père et fils, décide d'envoyer Bernard Kouchner en Irack. Arrivé en grande pompe, sourire aux lèvres et la main dans le dos du premier ministre irackien, Bernard déclare qu'il va rencontrer tout le monde et pourquoi pas réconcilier tout le monde. Puis, silence radio pendant quelques jours. Apparemment aucun miracle ne s'est produit en Irack.

Et puis on apprend hier que le premier ministre Irackien est furieux contre Kouchner qui a demandé sa démission. Si Kouchner ne contente maintenant de faire les commissions pour les Américains, la politique française est bien représentée.

Mais Kouchner n'est pas un nouveau venu.

Voici un article que l'on me fait parvenir:

KOUCHNER LA-BONNE-CAUSE

15 juin 2007. Auteur : Bruno Boudiguet.

Personnalité politique souvent en tête des opinions favorables, Bernard
Kouchner, le nouveau locataire du Quai d’Orsay, a démarré ses aventures
en 1969, en pleine guerre du Biafra. Depuis, il a toujours su garder la
pose et le faux-nez humanitaires.

EN 1969, LE TERRITOIRE BIAFRAIS, province sécessionniste du Nigeria, est
au coeur de gigantesques gisements pétroliers. La situation de guerre
civile donne des idées à Jacques Foccart, le stratège du général De
Gaulle, qui soutient déjà matériellement les indépendantistes. Son but
est simple : encourager la partition du Nigeria et ouvrir un boulevard
au groupe pétrolier français Elf [1].
Mercenaires, fonds secrets, agitation diplomatique, toute la panoplie
des réseaux de la Françafrique est déployée pour soutenir l’effort de
guerre. Reste à bluffer l’opinion publique. Le colonel Maurice Robert,
alors responsable Afrique du SDECE, s’est laissé aller à quelques
confidences : « /Ce que tout le monde ne sait pas/ [sic], /c’est que le
terme de “génocide” appliqué à cette affaire du Biafra a été lancé par
les services/ [secrets]. /Nous voulions un mot choc pour sensibiliser
l’opinion. / » [2].
C’est là que l’ancien étudiant communiste Bernard Kouchner, venu sur
place à l’appel de la Croix-Rouge et du Secours médical français, va
initier sa légende médiatique en créant le « Comité de lutte contre le
génocide du Biafra », au sein duquel il enrôle nombre d’intellos. Les
images des enfants biafrais faméliques bouleversent les téléspectateurs.
Le Biafra devient cause nationale. L’aide afflue, à deux détails près :
dans les cargaisons de la Croix-Rouge on trouve aussi des armes [3].
Un million de morts plus tard, le soutien militaire français aura
prolongé de manière criminelle un conflit perdu d’avance. Le /french
doctor/, quant à lui, devient un des pionniers de l’urgence humanitaire
et participe l’année suivante à la fondation de Médecins sans
frontières. « /Il n’y a pas de bons et de mauvais morts / » devient
l’antienne imparable de la bonne conscience occidentale, sans que se
pose jamais la question de « qui arme qui ? ».

1994. L’État français est alors le soutien essentiel du /Hutu Power/
qui massacre méthodiquement un million de Tutsi au Rwanda. Le 9 mai, en
plein génocide, Rwabalinda, un haut responsable militaire du
gouvernement intérimaire rwandais rencontre en France le chef de la
Mission militaire de coopération. Au menu notamment : l’amélioration de
l’image du régime génocidaire... Or, voilà ce que rapporte le général
Dallaire, dirigeant de la force onusienne, à propos de la visite de
Kouchner au Rwanda trois jours plus tard comme émissaire de l’Élysée :
« /Il m’a annoncé que le public français était en état de choc devant
l’horreur du génocide au Rwanda et qu’il exigeait des actions concrètes.
Je lui ai exposé ma position : pas question d’exporter des enfants/ [et
de] /s’en servir comme porte-enseigne pour quelques Français
bien-pensants. J’ai détesté l’argument de Kouchner qui estimait que ce
genre d’action serait une excellente publicité pour le gouvernement
intérimaire./ [...] /Je n’aimais déjà pas l’idée de faire sortir du pays
des enfants rwandais, mais se servir de ce geste pour montrer une
meilleure image des extrémistes me donnait la nausée. / » [4]
L’opération capote, mais Kouchner revient à la charge, pose devant les
caméras un orphelin dans les bras, et demande l’autorisation auprès de
Dallaire de faire intervenir l’armée française à Kigali, ce qui mènerait
vers la partition du pays. Nouveau refus du général onusien, mais l’idée
est là : faire intervenir la France au nom de l’humanitaire, alors que
90 % des victimes tutsi sont déjà exterminées. L’opération Turquoise
organisera finalement le retrait et la protection des forces du
génocide. Aujourd’hui, Kouchner fustige « /l’aveuglement criminel/ » de
Mitterrand, comme si l’ancien Président était mal informé. Au sujet de
l’implication française, il y va parfois au culot : « /L’armée française
n’a pas plus organisé le massacre qu’elle n’a participé directement au
génocide / » [5],
alors qu’on connaît aujourd’hui le rôle logistique des militaires
français dans la machine d’extermination [6].

Dans le privé, le « /fils spirituel de l’Abbé Pierre / » autoproclamé
sait varier ses missions. En mars 2003, Kouchner monnaye son expertise à
Total pour 25 000 euros. La firme est alors accusée d’avoir recours au
travail forcé en Birmanie, mais le mercenaire du coeur la blanchit au
terme d’une brève enquête médico-sociale, dont quatre jours sur place.
Notre homme sait aussi trouver le temps de rendre quelques menus
services aux dictateurs chouchous de la Françafrique, Omar Bongo et
Denis Sassou N’Guesso, pour des « consultations » sur la création
éventuelle d’une... Sécurité sociale. Au cas où l’envie de cesser le
pillage de leur propre peuple les démangerait ? Mais le plus important,
c’est que l’humanitaire à la sauce Kouchner, dans des moments-clés de
l’histoire, peut être un élément déterminant pour une propagande d’État
à des fins de guerres secrètes. Le gluant Alain Duhamel a récemment
dépeint le nouveau ministre des Affaires étrangères comme un « /animal
politique complètement atypique / », incarnant « /une forme de
générosité, d’engagement, d’intrépidité antitotalitaire profondément
novatrice,/ [...] /transgressant tous les usages diplomatiques pour la
bonne cause. / » [7]
Toujours la cause ! La cause toujours !

Article publié dans /CQFD/ n° 46, juin 2007.


[1] F-X.Verschave, /La Françafrique/, Stock, 1998, chap. 4, « Biafra
pétrolo-humanitaire ».

[2] /Ministre de l’Afrique/, entretiens avec André Renault, Éd. Seuil,
p.180.

[3] /La Françafrique/, op. cit. pp. 149-150.

[4] Roméo Dallaire, /J’ai serré la main du diable/, Libre expression, 2004.

[5] Ouvrage collectif, /Rwanda : pour un dialogue des mémoires/, Albin
Michel, 2007.

[6] /La nuit rwandaise/, n°1, 2007, pp. 129-141 et 157-171.

[7] /Libération/, 23 mai 2007.







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