POLLUEURS PAS PAYEURS

POLLUEURS PAS PAYEURS 16 SEPTEMBRE 2006 Abidjan, ville martyre, ou plutôt Ivoiriens, peuple sacrifié. Maintenant que la zone du cacao est sous le contrôle de l’armée française, pourquoi s’occuper de la population? On apprend qu’un bâteau grec, sous pavillon panaméen, appartenant à une compagnie hollandaise, avec un équipage chinois... à moins que ce ne soit l’inverse... s’est débarassé de tonnes de produits toxiques dans la décharge de Vridi, la zone ex-industrielle d’Abidjan. Des milliers de personnes ont été intoxiquées, sept personnes sont déjà mortes. Il est évident que l’armateur, pour se débarasser de sa cargaison déjà refusée dans plusieurs ports a profité du désordre de la Côte d’Ivoire pour corrompre les personnes qui l’ont laissé entrer. Mais il est évident aussi que ce navire est inscrit sur des listes de navigation, que le port d’Abidjan est sous le contrôle de l’armée française comme le reste du pays, et que l’on pourrait déterminer exactement les responsabilités. Mais il est probable que l’on ne connaîtra jamais l’origine de cette décision et que les “voyous des mers” ne seront jamais inquiétés. Par contre le contribuable français va avoir l’honneur de payer la dépollution puisqu’il est annoncé, à grand renfort de publicité que c’est une entreprise française qui va être chargée de ce travail. Puisque c’est la France qui paye elle n’allait pas choisir une société étrangère! Alors voilà une belle affaire commerciale et financière! Plus on pollue, plus la dépollution rapporte. Mais que fera-t-on pour les victimes? Rien bien sûr. Les Ivoiriens n’auront même pas le plaisir de se battre avec leurs assurances pendant des années puisqu’ils ne sont pas assurés. Ils ne pourront que se révolter, avec violence, comme ils ont déjà commencé à le faire en s’attaquant au ministre des transports. Mais qui est responsable du port d’Abidjan? Est-ce que ce ne sont pas des sociétés françaises comme B. et B. qui s’occupent de tout le trafic? J’ai connu la zone de Vridi il y a plus de dix ans pour y avoir tourné une documentaire sur un musicien réfugié , victime de la guerre du Libéria. Nous sommes restés quelques jours dans ces taudis, sans aucune protection sanitaire, au milieu des ordures et des friches industrielles de la Côte d’Ivoire de la grande époque. Dans leurs cabanes de carton les pauvres essayaient de survivre. Ce musicien avait une femme jeune et un bébé. J’ai appris, deux ans plus tard, que tous étaient morts. De maladie due à la misère certainement. Alors puisque ces gens sont condamnés pourquoi se gêner? Tout ce que l’Occident rejette peut aller chez eux! Le journaliste annonçait triomphalement ce matin qu’il n’y a pas de matière radioactive dans les déchets, d’après les experts envoyés sur place. Alors c’est que l’on suppose ou que l’on sait déjà que des déchets radioactifs sont répandus sans contrôle dans ces pays. Il est temps qu’une organisation internationale sérieuse comme Greenpeace mette son nez dans tous ces trafics et retrouve les responsables pour les dénoncer. L’armée française pourrait les aider. Mais là je crois que je rêve!