MERCI MARIE HUMBERT

merci Marie Humbert 4 janvier 2006 Merci Marie Humbert, mère de Vincent Humbert, votre fils pour lequel vous vous êtes battue avec un amour extraordinaire pour lui donner la mort douce qu’il réclamait. Vous faites preuve d’un courage hors du commun qui a déjà obligé le vote d’une loi sur l’accompagnement de fin de vie, loi hypocrite puisqu’elle ne protége que les médecins qui pratiquent régulièrement cet acte dans la clandestinité, mais loi qui ne satisfait pas du tout les patients qui ne peuvent demander que l’arrêt des soins et pas une aide réelle pour éviter les souffrances. Le procureur de la République propose d’abandonner les poursuites judicières contre Marie Humbert ( qui risque 5 ans de prison) et le docteur Choissoy ( qui risque la perpétuité). Le docteur est heureux car il avait été traité comme un assassin par la police, lui qui avait sauvé un nombre incalculable de vies et qui n’avait fait que son devoir de médecin humaniste. Et c’est très bien pour lui qui ne mérite que le respect. Mais Marie Humbert n’est pas satisfaite car s’il n’y a pas de procès, il n’y aura pas de débat et il n’y aura pas de jurisprudence pour les centaines de cas qui ressemblent au drame de son fils. Depuis deux jours les médias reparlent du sujet, ce qui est une bonne chose, mais chaque intervention est suivie par une publicité pour les soins palliatifs, les soins “de luxe” que l’on accorde aux mourants, en les écoutant et en soulageant, si possible, leur douleur physique. Mais quand on connaît le peu de services qui disposent de ces soins, la dégradation continuelle de la qualité des soins dans les hôpitaux et dans la médecine de ville, on voit bien qu’il y a derrière cette propagande une volonté économique de s’occuper des mourants riches qui auront droit à un accompagnement médical “normal”. Mais aucune écoute de la volonté des personnes n’est prise en compte en dehors du système médical. Personne n’a le droit d’avoir une mort douce, entouré de sa famille et de ses amis, quand il le désire, même s’il n’est pas encore atteint de façon irrémédiable. Car l’angoisse des vieux est de ne plus être capables d’exprimer sa volonté sur sa propre vie et de ne plus être capables, le moment venu, d’organiser un suicide non-violent. La loi, déjà votée aux Pays Bas et en Belgique, n’a pas augmenté les demandes de mort. Et c’est pourtant la menace que brandissent tous les opposants à la légalisation sur la mort douce. On m’a demandé de participer ce matin sur Radio France Internationale, dans l’émission de Juan Gomez, à un court débat sur le sujet. J’avais préparé des arguments pour expliquer mon point de vue, mais quand j’ai entendu des intervenants traiter l’ADMD (Association pour le droit à Mourir dans la Dignité) d’association maçonnique et un intellectuel africain évoquer la Shoah au sujet de l’euthanasie, j’ai été obligé de réagir. Je crois qu’il y a encore beaucoup d’information à faire sur ce sujet pour briser les tabous. C’est le même combat que pour la peine de mort, le droit à l’avortement et d’autres luttes de ce type. Les femmes sont en pointe dans ces luttes. Je leur fais confiance en sachant la difficulté quand j’entends des hommes bornés parler encore aujourd’hui du rôle “ sacré” de la vie.