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27 septembre 2005

COLUCHE

COLUCHE 27 septembre 2005 "On essaiera un jour de faire une grande cantine, peut-être en hiver. Gratos. Voilà, je lance l'idée comme ça...." Le 26 septembre 1985, il y a vingt ans, Coluche parlait au micro d' Europe 1. Les restos du coeur commençaient en hiver, après une mobilisation extraordinaire des artistes sur les médias et grâce au talent de Coluche pour culpabiliser les entrepreneurs et les faire cracher au bassinet. Après Paris, chaque grande ville ouvrait avec des bénévoles les restos du coeur. Les personnes qui les fréquentaient au début préféraient se cacher. Je me souviens avoir tourné un reportage dans un restaurant du coeur situé au sein d'un hôpital, à Nantes. Les employés de l'hôpital utilisaient les restes ou les surplus de nourriture pour alimenter gratuitement quelques personnes. Nous avions interrogé une maman avec deux enfants dans une petite salle aménagée à l'écart des services. Cette maman voulait rester anonyme. Elle avait honte d'être obligée de venir au resto du coeur. Aujourd'hui les restos du coeur font travailler 45 000 bénévoles et servent 66 millions de repas, d'après Olivier Berthe, le président des Restos du coeur. C'est à dire que le chiffre a presque été multiplié par 10 et que ce ne sera probablement pas suffisant pour l'hiver 2005. Les "clients" ne se cachent plus. Les restos servent dans la rue. La pauvreté est devenue banale. D'après une étude, 10% de la population française vivrait aujourd'hui sous le seuil de pauvreté et il y aurait un million de personne dans cette situation à Paris et en Ile de France. Coluche n'était pas le genre de bonhomme à faire appel à la charité. Ce qu'il voulait c'était la justice, la répartition des richesses, la redistribution de l'argent par les riches qui l'avaient détourné. Il a été partiellement entendu puisque l'état et l'Europe aident les restos du coeur. Mais cette association reste encore beaucoup trop à la charge des bonnes volontés et de la charité. Si un individu voulait aider aujourd'hui toutes les associations qui oeuvrent en France et dans le monde pour sauver des vies, il faudrait être très riche. Alors je suis sûr que la charité résoudra ce genre de problème. Dans notre pays où les bénéfices des entreprises se calculent en dizaines de milliards qui vont dormir à la bourse, est-il acceptable que des gens n'aient pas de quoi survivre: un toit et un peu de nourriture? On oblige des supermarchés à détruire de la nourriture non vendue, on oblige les agriculteurs à détruire une partie de leur récolte quand il y une surproduction qui fait baisser les cours, et on voudrait nous faire croire que l'on ne peut pas nourrir toute la population. Les hommes politiques de droite ou de gauche qui ont été au pouvoir ne se sont jamais attaqués avec courage à cette question. Ce sont les artistes qui se mobilisent pour chanter gratuitement, pour inciter les gens les plus sensibles, qui ne sont bien-sûr pas les plus riches, à aider plus pauvres qu'eux. Les télévision font des heures de spectacle gratuites sans oublier de déduire leurs frais généraux énormes. Je me souviens avoir croisé une fois Coluche sur un plateau de télévision. J'étais assistant sur une grosse émission de variété. A l'époque tout se faisait en direct. Pour l'émission du soir, le décor avait été installé la veille, les lumières et les réglages techniques se faisaient le matin et les artistes étaient convoqués l'après-midi pour les répétitions. Il fallait être très patient quand on était artiste et Coluche, en 1976, encore peu connu à la télévision, ne l'était pas du tout. Il s'était assis d'abord sagement parmi les autres artistes pour écouter les consignes du réalisateur, mais au bout d'une heure d'attente, il avait jugé que c'était trop long et était parti en poussant une gueulante contre la télé. Il ne faisait donc plus parti du spectacle diffusé le soir. Je pense qu'il a compris après comment marchait la lourde machine de la télé puisqu'il a eu l'occasion de se produire souvent. C'est grâce à lui que beaucoup de choses ont été dites à la télévision sur la société française. Les Français l'avait largement plébicité quand il s'était porté candidat à la présidence de la république. Mais les menaces sérieuses qu'il avait reçues de la part des porte-couteaux des candidats officiels, l'avaient obligé à se retirer avant le scrutin. Sa place n'était pas à la présidence de la république. S'il avait réussi son coup il n'aurait pas gardé cette estime et ce respect dans le coeur des Français. Ce sont des gens comme lui qui ont fait l'honneur de la France. Il avait vu, avant bien d'autres, les drames qui se préparaient. Ils voulaient protéger les faibles. On revoit avec plaisir la photo de cet Italien à la une des grands journaux à l'entrée de chaque hiver. On préférerait le revoir pour nous annoncer que la situation s'améliore ou pour nous faire rire, puisqu'il savait, lui, que le rire est la seule arme de défense des faibles.
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