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18 septembre 2005

SANTÉ,DANGER

SANTÉ, DANGER 18 septembre 2005 SANTE DANGER 18 SEPTEMBRE 2005 Ma fille vient d'accoucher d'une belle petite fille, Roxane. Le suivi de sa grossesse a été fait à Saint-Germain, une ville de l'ouest parisien. Elle a d'abord rencontré à l'hôpital une sage femme qui l'a très mal reçue et a ensuite cherché à la culpabiliser en lui disant qu'elle n'avait pas fait toutes les analyses qu'il fallait. Personne ne lui avait dit de les faire. Elle a alors pris contact avec une clinique proche de son domicile. Le médecin accoucheur, plutôt sympa, l'a tranquillisée et lui a proposé de pratiquer l'accouchement lui-même sachant qu'il serait obligatoirement programmé et avec un supplément financier substantiel. Une semaine avant le terme elle se rend à la maternité de Poissy, de bonne réputation et où était né son premier enfant. C'est une fausse alerte. Elle revient à la maison et décide, en cas d'embouteillage à l'hôpital de Poissy, d'accoucher à la clinique. Rendez-vous est pris avec l'anesthésiste. Celui-ci lui apprend que son intervention coûtera aussi plus cher que dans le public. Elle est prête à payer en cas de besoin et souhaite prendre rendez-vous pour le jour du terme. Impossible: le docteur est absent. Il y a un remplaçant mais alors le docteur ne pourrait plus toucher son argent.Il faut donc repousser l'accouchement. Il faudra attendre deux jours de plus pour qu'il y ait de la place. Il faudra aussi apporter les couches, les draps et pourquoi pas les repas! Finalement le bébé est né à la maternité de Poissy, naturellement, la veille du terme. Il pesait 4,4 kg et n'aurait pas pu attendre quelques jours de plus sans danger. Cette histoire arrivée en France m'a fait pensé à l'Afrique. Nous avons vécu deux ans à Niamey, au Niger, de 1968 à 1970. L'hôpital était dirigé par le docteur Madras, un homme exceptionnel, qui avait réussi à faire de cet hôpital une réussite sur le plan sanitaire. Même si les moyens n'étaient pas importants, tout le monde était soigné correctement. Je suis retourné travailler à Niamey en 1993, à la télévision. Nous avons fait un reportage à l'hôpital de Niamey et j'ai découvert une situation dramatique. L'hôpital tombait en ruine, la pharmacie était vide. Les parents devaient nourrir les malades. Les jeunes médecins, que j'interrogeais sur le docteur Madras, m'apprirent qu'il avait pris sa retraite, qu'ils le regrettaient beaucoup et que la situation était devenue catastrophique. En effet, nous avons fait parler un Nigérien qui venait de perdre son enfant de deux ans atteint d'une maladie grave. Arrivé à l'hôpital, on a examiné son enfant et on lui a fait la liste des médicaments à trouver. Ces médicaments étaient vendus dans la pharmacie privée située juste en face de l'hôpital. Cette pharmacie, très bien fournie, vendait les médicaments au prix français, c'est à dire à un prix complètement inabordable pour un Nigérien moyen. Il a donc fait faire l'addition, puis s'est rendu au village pour trouver l'argent. Quand il est revenu une semaine plus tard avec la somme nécessaire, son enfant était déjà mort, sans soin, à l'hôpital. Les médecins, même de bonne volonté, n'avaient rien pour le soigner ni pour le nourrir. Nous n'en sommes heureusement pas encore là en France, mais nous prenons cette direction. La première question que l'on pose maintenant, en dehors des services d'urgence, c'est si vous avez de quoi payer les soins. Il faudra ensuite fournir un accompagnement au malade car les soignants n'ont plus le temps de s'en occuper. Il faudra ensuite apporter une nourriture correcte et adaptée, car les livraisons de nourriture industrielle sont de très mauvaise qualité. Il faudra rendre service au malade pour vider son bassin car personne ne viendra après plusieurs appels.... Quand on arrive à la vieillesse et que l'on a fréquenté quelques hôpitaux pour soi ou pour sa famille, on a une multitude d'histoires à raconter qui nous ont choqués ou révoltés. Mais les dernières en date surpassent ce que l'on a constaté il y a déjà 20 ans. Je viens d'avoir une hernie discale. Je savais que l'on pouvait s'en sortir puisque ma femme avait réussi à en soigner une sans opération. Mais la douleur étant vive quand je suis allé passer une IRM, je cherchais à trouver une solution rapide. Un chirurgien m'attendait, dans une clinique où mon docteur avait réussi à avoir un rendez-vous rapide, pour m'opérer sur le champ, profitant de mon état de faiblesse pour me convaincre. Il a fait un tel forcing que cela m'a semblé suspect et que j'ai pu, grâce à ma femme, m'échapper. J'ai appris par la suite qu'il fallait éviter à tout prix ce chirurgien qui avait déjà fait beaucoup de dégâts. Mon docteur m'a envoyé quelques jours plus tard voir un autre chirurgien dans un hôpital militaire. Bien qu'antimilitariste, je faisais confiance aux militaires pour la santé, pensant qu'ils m'avaient aucune raison d'être pris dans la spirale de l'argent. Ce chirurgien m'a conseillé une infiltration d'alcool à 95%, dans une clinique de la région. Renseignements pris, cette infiltration était douloureuse et complètement inutile. Comme je m'étonnais de cette prescription auprès de mon docteur, il m'apprenait que le docteur auquel m'adressait le chirurgien était un ami à lui, auquel il envoyait des clients. Mais bien-sûr sans contre-partie! Finalement la hernie discale a été soignée par quelques calmants à base de cortisone et de morphine et du repos. Dans notre monde d'argent, la santé est la première victime car c'est le domaine où la vie est en jeu. Comme dans tous les métiers il y a des gens malhonnêtes qui profitent de la douleur et de la peur des malades, ce qui est très grave. Mais ils ne sont pas majoritaires. La plupart essaient de faire leur travail correctement. Mais le système les met dans une situation tellement difficile qu'ils sont poussés à la faute. Beaucoup abandonnent le métier. C'est le cas des infirmières qui avaient fait une grève remarquable en 1988 ou 1989, sous le gouvernement de Michel Rocard. Elles n'avaient rien obtenu. Cinq ans après elles occupaient toujours un espace public en face du ministère de la Santé. Elles n'ont rien obtenu et n'ont trouvé comme solution que d'abandonner le métier. On importe aujourd'hui du personnel médical d'Espagne, de Roumanie ou de Corée. Des personnes compétentes qui pourraient être utiles à leur pays, mais que l'on peut faire travailler pour pas cher et à des conditions inacceptables. Ces personnes , même de bonne volonté, ne comprennent pas les demandes des malades car elles ne parlent pas la langue du pays et créent, au sein des équipes soignantes des rivalités regrettables. Et voilà comment un pays riche, qui avait l'un des meilleurs service de santé, est en train de s'africaniser et mettre en danger sa population.
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