SREBRENICA

13 juillet 2005

SREBRENICA

Dix ans après le massacre de 7500 habitants de cette ville de Bosnie, les cercueils des restes humains de 600 victimes retrouvées dans les charniers, ont été remis à leur famille pour un enterrement collectif. La cérémonie émouvante, filmée par les médias internationaux, a été l’occasion de reparler de ce désastre dû à la lâcheté des responsables de l’ONU et parmi eux des généraux français comme le général Janvier et le général Morillon.

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Quelques images de la télévision ont permis de constater que la ville de Srebrenica, aujourd’hui en Bosnie serbe, était toujours dans une état de décrépitude et de misère incroyable. Un documentaire, tourné cinq ans après le drame, montrait aussi une ville, à l’époque entièrement serbe, complètement dévastée. Mais le commentaire qui retraçait l’historique de cette ville et les évènements tragiques qui ont touchés la population, disait bien qu’à l’époque de Tito, cette ville était prospère.

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Je n’ai pas eu l’occasion d’aller dans cette région dans les années 70, quand, à l’époque de Tito, j’ai fait un voyage en Yougoslavie. Mais ce pays que nous avions parcouru du nord au sud nous avait semblé sinon très prospère, du moins très vivable. Les Allemands se pressaient en masse pour le tourisme. La nourriture était abondante, les bâtiments étaient bien entretenus, la population, bien éduquée et fière, respirait le courage et la bonne santé.

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Lorsque je me suis occupé de l’émission de télévision MOSAÏQUE, destinée aux populations étrangères, j’ai eu l’occasion de connaître à Paris les responsables de l’ambassade et de l’office du tourisme yougoslave. Ces personnes faisaient preuve d’une confiance et d’une aisance souvent supérieures à celles d’autres pays de l’immigration. Nous les considérions comme l’égal de nos pays développés. Une seule recommandation m’avait été faite quand j’invitais un artiste ou que je parlais d’une région, c’était d’essayer de respecter un équilibre entre les différentes provinces. J’ai compris ensuite pourquoi.

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A l’époque la Yougoslavie n’était qu’une seule nation. Tito avait réussi à unifier le pays après la seconde guerre mondiale. C’était une entreprise difficile puisque les Balkans avaient toujours été un foyer de tension. Grâce à sa notoriété de résistant à l’Allemagne nazie, grâce à son respect de la dignité d’un peuple qui avait beaucoup souffert, grâce à une organisation socialiste autogestionnaire, ce qui lui valut des difficultés avec les soviétiques, Tito avait créé une société comparable aux sociétés européennes. Les malheurs de ce pays ont commencé à la mort de Tito.

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Les Européens se sont réjouis de la fin d’ un " communisme autogestionnaire " mais n’ont rien fait pour aider à la transition. Les difficultés économiques ont commencé. Quand la province de la Croatie, plus riche, a voulu se détacher de la Yougoslavie, comme cela pourrait être le cas pour la Lombardie en Italie ou la Catalogne en Espagne, l’Allemagne et bientôt l’Europe ont été les premieres à encourager ce mouvement. La pauvreté et la misère ont fait le reste. En quelques mois, ces peuples que l’on avait connus éduqués et respectueux les uns des autres, ces peuples se déchiraient et se massacraient sauvagement. La civilation est bien fragile !

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Naturellement, comme d’habitude, les grandes puissances guerrières ont exploité la situation pour vendre des armes, laisser les soldats tuer et laisser les populations se faire massacrer par les soldats de leur propre pays. Chaque pays européen a fait semblant de vouloir arrêter les conflits en envoyant d’autres soldats soit disant "  de la paix " qui n’avaient pas d’autres missions que d’assurer une présence européenne et de se protéger eux-mêmes. Le documentaire sur Srebrenica qui raconte comment, après avoir assurer la population de cette enclave que les soldats de l’ONU allaient la protéger et comment les moyens nécessaires n’ont jamais été prévus ni utilisés, est révélatrice du mensonge de la communauté internationale. Dès que des soldats de l’ONU étaient pris en otage la priorité était de les libérer et non pas de protéger les populations civiles. L’armée de " la paix ", comme l’armée de " la guerre " n’a jamais protégé les civils et une fois de plus, les civils qui lui ont fait confiance l’ont payé pour la plupart de leur vie.

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Mais ce qui est le plus scandaleux aujourd’hui c’est que l’on continue à laisser ces populations dans le dénuement le plus complet. On dépense des fortunes pour payer une armée de l’ONU qui ne sert à rien ( la même qui est depuis 50 ans dans le sud Liban, depuis plusieurs dizaines d’années au Congo ) , pour payer les recherches sur l’identification des cadavres qui vont durer encore plusieurs années, pour payer des experts internationaux qui vont élaborer des projets qui ne verront jamais le jour et que l’on ne trouve pas un petit budget pour redonner l’espoir et la vie à des gens qui veulent survivre dignement.

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La Serbie est aujourd’hui punie mais ce ne sont pas les militaires assassins qui ont le plus d’ennuis, c’est la population qui souffre. Les trafics et les mafias se développent au Kosovo et ailleurs. L’instabilité qui s’est installée dans cet espace poudrière se retournera un jour contre les pays européens qui, avec l’appui des Etats Unis ont réussi à détruire une société mais n’ont pas réussi à en reconstruire une autre.